Paul Morand
(1888-1976)
Dossier
Le roman selon Paul Morand
Le roman selon Paul Morand, par François Masse, 8 juillet 2010 |
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Se réclamant d'un certain « cosmopolitisme » romanesque, à l'instar de Victor Segalen, Valery Larbaud et André Malraux, Paul Morand souligne dès les années 20 combien le roman est un genre « sans frontières », tant en raison de la réalité toujours renouvelée qu'il révèle, grâce à tout ce que les romanciers rapportent des cultures étrangères, que par son aspect de « capitale moderne », « congestionnée » et hétéroclite, à l'image du monde entier. Or au début des années 30, dans un essai portant sur la vitesse, Morand constate que l'accélération générale du monde est rendue telle que le roman, en tant que genre long et favorisant la lenteur, ne correspond plus au rythme frénétique de la vie moderne, c'est-à-dire celle qui exalte les transports rapides et la technologie nouvelle. La propension de Morand à dépeindre des personnages nerveux, vifs et véloces et sa volonté d'épouser le mouvement général de son temps qui est, pour lui, synonyme de vitesse et de brièveté, le conduit donc à se retourner plus nettement vers la nouvelle (plus nettement, dans la mesure où il s'agit d'un genre qu'il a pratiqué de tout temps). Néanmoins, Morand hésitera sans cesse, et ce jusqu'à la fin de sa carrière, entre la nouvelle et le roman comme terrain de ses « expérimentations ». À l'examen, on constate que c'est le plus souvent au sein du genre romanesque que Morand « campera » ses personnages opposant à la composition le plus de défis, que l'on pense au héros incessamment mobile de L'homme pressé (1941) ou à celui complètement muet de ղ-ٴǾ(1967). |
Bibliographie
Ouvrages cités |
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« Droit d'aubaine (1927) », Papiers d'identité, Paris, Grasset, 1931. « Malraux et Les Conquérants (1929) », Papiers d'identité, Paris, Grasset, 1931. « De la vitesse », Papiers d'identité, Paris, Grasset, 1931. « Préface », Prisonnier de Cintra, Paris, Fayard, 1958. « Salut à Barnabooth », Mon plaisir… en littérature, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 1967. « Le roman du silence », Mon plaisir… en littérature, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 1967. « Préface », dans Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, Paris, Gallimard coll. «Folio», 1972. |
Citations
« Droit d'aubaine (1927) », Papiers d'identité, Paris, Grasset, 1931. |
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« Il faut bien leur ouvrir nos pages [aux « étrangers »] puisque nos autorités leur ouvrent nos frontières. » (p. 201) |
« Malraux et Les Conquérants (1929) », Papiers d'identité, Paris, Grasset, 1931. |
« On nous avait annoncé un affaissement du roman français d'après-guerre : jamais il ne s'est mieux porté. Parfaitement à leur aise dans leur succès, les chefs de file, Mauriac, Maurois, etc… s'y maintiennent sans crise […], jusqu'au surréalisme qui donne enfin sa fleur et cette fleur, Nadja, est un roman. Veut-on, aujourd'hui, voir les directeurs de théâtre pendus à leur sonnette ? Jules Romains et Jean Giraudoux ayant passé par là, il suffit désormais de se dire non plus auteur dramatique, mais romancier.» (p.168) |
« De la vitesse », Papiers d'identité, Paris, Grasset, 1931. |
« Les amants modernes ne s'écrivent plus, ils se téléphonent ou se télégraphient ; et c'est à peine s'ils se parlent ; c'est pourquoi les scènes d'amour au théâtre nous semblent maintenant si verbeuses et si fausses. » (p. 285) |
« Préface », Prisonnier de Cintra, Paris, Fayard, 1958. |
« Je vis, d'abord, dans la nouvelle, une réaction contre les méandres du roman-fleuve et même du roman tout court, inquiétantes formes de la surproduction moderne. » (p. 7) |
« Salut à Barnabooth », Mon plaisir… en littérature, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 1967. |
« Ce soir-là, je rencontrai Barnabooth […], ce personnage sans frontières […]. » (p. 300) |
« Le roman du silence », Mon plaisir… en littérature, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 1967. |
« Un héros comme le mien, qui se tait, volontairement ou malgré lui, est difficile à comprendre, malaisé à décrire, et pourtant je m'y risque dans ce petit livre, aux dimensions d'une longue nouvelle, mais aux tendances d'un roman. » (p. 161) |
« Préface », dans Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, Paris, Gallimard coll. «Folio», 1972. |
« Non qu'il faille ne pas aimer l'héroïne du Lys dans la vallée, mais elle est vraiment trop innocente […], attendant près de la moitié du roman pour comprendre qu'elle est désirée […]. » (p. 5) |