Un panel citoyen propose des solutions concrètes à la crise des soins de première ligne au Québec
Dans le nouveau rapport de l’initiative NosSoins, un groupe citoyen présente des recommandations pour résoudre la crise qui met à mal les soins de première ligne au Québec. À l’heure actuelle, plus de deux millions de Québécois et Québécoises n’ont pas de médecin de famille ou d’infirmière praticienne spécialisée (IPS) attitrée – l’un des pires bilans parmi les provinces canadiennes.
À l’échelle du pays, plus de six millions de personnes n’ont pas accès à un médecin de famille, ce qui place le Canada dans les derniers rangs des pays développés. La situation est encore plus problématique dans les petites villes et les communautés rurales, où la population fait face à de profondes difficultés d’accès aux soins. Il est donc urgent d’en faire plus pour trouver des solutions tangibles à ces problèmes persistants.
Dans le cadre de l’initiative pancanadienne NosSoins, un panel formé de 31 membres du public de partout au Québec a passé plus de 30 heures à s’informer auprès de spécialistes et à délibérer pour parvenir à 31 recommandations regroupées en plusieurs grands axes : la reconnaissance des enjeux systémiques en santé, le recrutement et la rétention du personnel en soins de première ligne, la flexibilité et l’innovation, les soins en équipes interdisciplinaires, la décentralisation de la gouvernance ainsi que la promotion et la protection du système public.
Parmi les priorités énoncées dans le rapport :
- Réduire le temps que les cliniciennes et cliniciens consacrent aux tâches administratives à faible valeur, pour libérer du temps pour les tâches cliniques, la formation continue et l’amélioration de la qualité des soins et services.
- Donner plus d’autonomie aux professionnels et professionnelles de la santé autres que les médecins pour faciliter l’accès aux soins et services.
- Valoriser et favoriser une meilleure collaboration interdisciplinaire entre les prestataires de soins de santé et les services communautaires.
- Faire en sorte que les prestataires de soins de première ligne favorisent une culture institutionnelle tenant compte des déterminants sociaux de la santé, afin d’assurer une bonne continuité des soins.
- Prioriser et respecter le droit à l’autonomie des personnes, notamment celles ayant des incapacités visibles et invisibles, en leur fournissant de l’aide, comme de meilleurs soins à domicile.
- Développer des outils de vulgarisation sur le fonctionnement du système, les services disponibles et les droits des usagères et usagers.
- Créer un comité populaire ayant pour mandat d’assurer une vigie et de faire des recommandations sur les activités législatives et gouvernementales relatives aux soins de santé et à la production d’informations sur la santé de la population.
- Définir un meilleur cadre juridique pour superviser la pratique privée à but lucratif, afin de ne pas entraver l’accessibilité des services de santé couverts par le régime public.
Les notions de sécurisation culturelle et d’autonomisation des patients ont trouvé un fort écho chez les membres du panel citoyen, tout comme l’importance des conditions de travail et du bien-être du personnel de la santé.
« L’initiative NosSoins démontre que les membres du public veulent se faire entendre dans le débat actuel sur l’amélioration des soins de santé et souhaitent participer au processus décisionnel », affirme le docteur Nebojsa Kovacina, directeur du programme d’amélioration continue de la qualité au dpartement de médecine de famille de l’Université Ã山ǿ¼é et co-responsable du projet NosSoins pour le Québec. « La profonde compréhension des enjeux et des problèmes actuels du système qu’ont manifestée les membres du public m’a impressionné. »
L’importance d’améliorer l’accessibilité des soins est un thème soulevé par les panels citoyens partout au Canada. « L’équité et l’accessibilité étaient parmi les valeurs fondamentales retenues par le panel », souligne la docteure Tara Kiran, chercheuse principale du projet NosSoins et médecin de famille à l’Hôpital St. Michael’s de Unity Health Toronto. « Les membres du public croient fermement au droit universel à des soins de première ligne de grande qualité, quel que soit le milieu social ou la situation de la personne. » Selon Pre Mylaine Breton, professeure titulaire au département des sciences de la santé communautaire de l’Université de Sherbrooke et co-responsable du projet NosSoins pour le Québec, plusieurs recommandations visant à améliorer l’accessibilité et l’équité, misent sur l’optimisation des collaborations interprofessionnelles et une plus grande responsabilisation des patients à travers des outils de participation active.
« Ma première réaction au sujet de ce rapport reste d’abord l’éducation et l’accessibilité aux soins primaires », ajoute Marie Michelle, une des membres du panel citoyen. « En regard du manque de médecins et de spécialistes au Québec, il est important que nous ayons un droit de regard en ce qui concerne notre santé, comme cité dans le rapport. Ne laissons pas passer sous silence le besoin criant des Autochtones à un service équitable, puisque cela rejoint l’équité tant décriée par les participants. »
Le rapport complet sera accessible dès le 7 novembre sur le .