L’impossibilité d’entendre sa voix nuirait à l’élocution
Une de l’Université Ã山ǿ¼é démontre que l’audition joue un rôle essentiel dans notre capacité à maîtriser et coordonner les mouvements de la parole en temps réel.
Publiée dans le Journal of the Acoustical Society of America, la recherche indique que la coordination des mouvements de la mâchoire et de la langue d’une personne s’affaiblit lorsqu’elle ne peut pas entendre sa propre voix, même temporairement.
« Pour maîtriser et coordonner les mouvements du conduit vocal et produire la parole, on a besoin d’une rétroaction auditive immédiate », explique Matthew Masapollo. Auteur principal de l’article, ce dernier a mené l’é³Ù³Ü»å±ð tout en travaillant comme associé de recherche au laboratoire de neurosciences des systèmes moteurs de l’Université Ã山ǿ¼é.
L’équipe a fait appel à l’articulographie électromagnétique pour capter et comparer les mouvements de la parole (mâchoire et langue) effectués dans deux situations chez des sujets dotés d’une bonne audition : dans la première, les personnes s’entendaient parler normalement; dans la seconde, le son de leur voix était couvert par un brouhaha et il leur était impossible d’entendre leur voix. Dans cette deuxième situation, les chercheurs ont constaté une altération des mouvements de la parole.
Les retombées de ce résultat sur la compréhension de la production du langage chez les personnes aux prises avec une déficience auditive, plus particulièrement celles qui portent un implant cochléaire, sont considérables. « Certains aspects de la production du langage demeurent déficients, même des années après la pose d’un implant cochléaire, sans doute parce que le son reproduit par l’appareil est dégradé », indique l’associé de recherche.
Pour les chercheurs, comprendre l’incidence d’une reproduction sonore approximative sur l’élocution permet de concevoir des implants efficaces et d’aider les enfants atteints d’une déficience auditive importante à apprendre à parler.
En collaboration avec Susan Nittrouer, ainsi qu’avec David J. Ostry et Lucie Ménard, tous deux professeurs à l’Université Ã山ǿ¼é, Matthew Masapollo s’intéresse maintenant aux conséquences d’un accès réduit au son – lié au port d’un implant cochléaire – sur l’élocution.
Les résultats préliminaires laissent croire que les personnes qui vivent avec une déficience auditive font davantage appel, pour contrôler les mouvements de la parole, aux sensations transmises par la langue et la bouche, plutôt qu’à la rétroaction auditive. Si ce constat s’avère, il sera possible de tabler sur les données issues de recherches cliniques pour mettre au point des interventions thérapeutiques axées sur la formation de la capacité motrice buccale chez les enfants et les adultes ayant subi une perte de l’audition.
L’é³Ù³Ü»å±ð
L’é³Ù³Ü»å±ð « », par Matthew Masapollo et Susan Nittrouer, a été publiée dans le Journal of the Acoustical Society of America. Les travaux ont été financés par la Hearing Health Foundation.