13e Institut de jurilinguistique – Le monolinguisme du droit: Traductions, distorsions, trahisons
Une telle action linguistique s’exerce en particulier sur la situation et les réalités des groupes marginalisés. Certain.e.s justiciables sont ainsi isolé.e.s hors du droit, et leurs préoccupations sont effacées, délégitimées ou déconsidérées. Par exemple, l’opposition de sexe ou de genre qui sous-tend encore la division entre les catégories juridiques homme/femme exclut les personnes non binaires. De même, l’emploi des termes mère et père laisse peu de place aux situations sociales de pluri-parenté.
À l’inverse, il arrive que les mots du droit exercent une fonction apaisante en offrant aux conflits ou aux intérêts contradictoires de se loger dans les formes juridiques. Par exemple, la « personnalité juridique » est susceptible d’accueillir l’infinie diversité des identités humaines et le « dommage » veut peut-être mieux dire que le mal commis.
Dans tous les cas, la traduction de la réalité dans la langue du droit est lourde de conséquences. L’objectif de cet Institut est de contribuer à repérer les opérations linguistiques qui dissimulent, déforment et nient la réalité des personnes marginalisées, autant que de s’intéresser à la fonction harmonique de la langue du droit. Autant d’enjeux que les traductrices, traducteurs et jurilinguistes affrontent quotidiennement.
Cette activité est admissible comme activité de formation continue obligatoire tel que déclaré par les membres du Barreau du Québec.