Ă山ǿĽé
B.A. Histoire, Université du Québec à Trois-Rivières
M.A. Études québécoises, Université du Québec à Trois-Rivières
Ph.D. Études québécoises, Université du Québec à Trois-Rivières
Stagiaire postdoctoral, DĂ©partement d’histoire et d’études classiques, UniversitĂ© Ă山ǿĽé
Stagiaire postdoctoral, Département d’histoire, Université de Toronto
Projet de rechercheĚý: «ĚýEntre droit des peuples et droits de la personne : les premières lois antidiscrimination (1963-1964) et l’évolution des dĂ©bats sur le racisme et les droits humains au QuĂ©becĚý»
Les enjeux liés au racisme et aux droits humains revêtent un caractère particulièrement complexe dans une société comme le Québec, historiquement marquée par les débats sur la question nationale et sur la reconnaissance des droits linguistiques, culturels et constitutionnels des Canadiens français. Les récents débats sur la laïcité de l’État, l’accueil des réfugiés, les politiques d’immigration et la création d’une commission sur le racisme systémique ont mis en lumièreles profondes divisions au sujet de l’existence du racisme au Québec et la croyance populaire selon laquelle les droits des minorités seraient opposables, voire préjudiciables, aux droits collectifs des Québécois. Mon projet postdoctoral se penche sur cette question socialement vive, en analysant les divisions linguistiques, religieuses, culturelles et identitaires qui structurent les débats sur le racisme et les droits humains au Québec, dans le contexte des tensions nationalistes et constitutionnelles des premières années de la Révolution tranquille (1960-66). Je m’intéresse en particulier aux débats entourant l’adoption des deux premières lois interdisant les discriminations raciales et religieuses dans l’accès aux hôtels et restaurants (1963) et dans l’emploi (1964). Ignorées des historiens et absentes des récits sur la Révolution tranquille, ces lois offrent une fenêtre unique pour étudier l’impact du mouvement international des droits humains sur la société québécoise.
Ma problématique de recherches’articule autour de trois volets complémentaires. Le premier analyse les modes d’appropriation et de mobilisation du discours universaliste des droits humains dans le cadre des luttes antiracistes menées par les acteurs sociaux à l’échelle locale et internationale. Je m’intéresse en particulier aux trajectoires des membres des minorités ethniques/racisées et des militants nationalistes qui luttent contre les violations de droits dont ils se disent victimes. Le second volet porte sur l’influence locale du contexte mondial des années 1960, marqué par les débats sur la mise en œuvre du droit international des droits de l’homme, par les premières campagnes transnationales d’appui à des luttes antiracistes et par les mouvements d’émancipation des peuples du Sud global. Le troisième volet s’intéresse aux facteurs locaux propres au Québec qui influencent les débats sur les droits humains. Il s’agit en particulier d’étudier la manière dont les débats sur les droits des individus et des minorités s’articulent aux enjeux liés à la reconnaissance des droits culturels, linguistiques et constitutionnels des Canadiens français. À travers ces trois volets, mon projet proposera une interprétation nouvelle des interactions complexes, à la fois convergentes et conflictuelles, qui existent entre le mouvement des droits humains et les luttes nationalistes, antiracistes et anticoloniales qui secouent le Québec et le monde au début des années 1960.