La PreĚýJanaudis-Ferreira a pris quelques instants rĂ©cemment pour rĂ©pondre Ă nos questions.
Combien de personnes reçoivent un organe plein au Canada chaque année, et dans quelle mesure la réadaptation fait-elle partie du processus de soins?
Nous ne pouvons pas vraiment prĂ©dire le nombre de transplantations faites par annĂ©e au Canada, puisque tout dĂ©pend du nombre d’organes disponibles. Toutefois, le rapportĚý2018 de l’Institut canadien d’information sur la santĂ© nous apprend que 2930Ěýtransplantations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au pays en 2017.
La rĂ©adaptation peut jouer un rĂ´le clĂ© dans la prise en charge des patients greffĂ©s. Je dirais qu’avant la transplantation, le principal objectif de la rĂ©adaptation est d’optimiser la condition physique et la prĂ©paration psychologique de la personne en vue de l’opĂ©ration. Les Ă©ventuelles amĂ©liorations physiques et psychologiques peuvent influencer la rĂ©cupĂ©ration après la greffe et d’autres aspects de l’intervention. Après la transplantation, la rĂ©adaptation par l’exercice peut aider les personnes greffĂ©es Ă recouvrer leurs capacitĂ©s fonctionnelles, Ă reprendre le travail et Ă rĂ©intĂ©grer leurs rĂ´les auĚýsein de la famille et de la sociĂ©tĂ©. Notre problème aujourd’hui, c’est l’insuffisance de programmes de rĂ©adaptation pour les patients greffĂ©s au Canada, en particulier pour les patients qui attendent ou ont reçu un rein ou un foie.
Qu’est-ce qu’un énoncé de position, et comment peut-il faciliter la prise en charge clinique de ces patients?
Un énoncé de position est formulé par un groupe représentatif d’experts qui exposent leurs positions sur un aspect donné des connaissances médicales. Le principal objectif d’un énoncé de position est de conseiller les professionnels sur la meilleure façon possible et acceptable d’aborder un élément décisionnel particulier du diagnostic et du traitement.
Notre énoncé de position est une étape clé pour faire prendre conscience aux professionnels de la transplantation du rôle important de l’activité physique pour les patients greffés. En connaissant mieux les bienfaits de l’exercice chez les adultes et les enfants greffés, les professionnels seront mieux placés pour s’assurer que la réadaptation physique fait partie intégrante des soins avant et après la transplantation.
Quand ou comment avez-vous ressenti le besoin de créer un énoncé de position pour les candidats à une greffe et les greffés d’organe plein?
Il y a environ deux ans, ma collègue Sunita Mathur et moi avons été contactées par les coprésidents du Comité des lignes directrices sur les pratiques exemplaires de la Société canadienne de transplantation (SCT). Ils nous ont dit avoir sondé leurs membres sur les sujets d’énoncés de position qu’ils aimeraient voir le SCT élaborer. Il semble que le sujet de l’exercice et de la réadaptation soit ressorti du lot, démontrant l’intérêt des professionnels de la transplantation pour ce type d’information.
Il n’existe pour l’instant aucune directive de pratique relative à l’entraînement physique avant et après une transplantation, ce qui peut limiter l’utilisation de données de recherche en pratique clinique. Ce sujet s’est donc imposé comme une priorité pour le comité.
De plus, des recherches menées dans mon laboratoire ont montré que l’un des obstacles à la pratique d’une activité physique par les patients greffés est l’absence d’information sur la façon de s’entraîner. Nous avons aussi sondé des médecins spécialistes en transplantation qui ont indiqué que le manque de lignes directrices en matière d’exercice était l’un des obstacles rencontrés au moment de conseiller les patients greffés sur ce sujet. Dans le cadre d’une étude qualitative menée récemment, des spécialistes du conditionnement physique ont indiqué qu’ils seraient plus sûrs d’eux pour traiter des patients greffés s’ils disposaient d’outils pédagogiques à ce sujet.
Il était donc évident, d’après le sondage mené par la SCT auprès de ses membres et les données de nos recherches, qu’un énoncé de position était nécessaire.
Dans l’énoncĂ© de position, vous indiquez qu’il faudra faire d’autres recherches sur certains aspects des soins de ces patients. Pensez-vous mener des recherches dans les domaines identifiĂ©s?Ěý
Oui, mon équipe a déjà commencé à se pencher sur certaines lacunes en recherche. Par exemple, nous étudions présentement les effets de l’exercice physique prétransplantation sur la fragilité et les résultats cliniques préliminaires chez les candidats à une greffe du poumon ou du rein. C’est l’un des domaines de recherche cités dans l’énoncé de position. Nous avons aussi lancé quelques projets axés sur des stratégies novatrices (comme l’utilisation d’applications de cybersanté et le soutien entre pairs) pour améliorer l’observance à long terme de l’activité physique après la transplantation, un autre domaine de recherche important mentionné dans l’énoncé de position.
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Tania Janaudis-Ferreira, PhD.
Professeur adjointe
L'École de physiothérapie et d'ergothérapie
FacultĂ© demĂ©decine, L'universitĂ©ĚýĂ山ǿĽé
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