L’hiver dernier, l’École des sciences de la communication humaine (ESCH) a ouvert les portes de sa nouvelle clinique d’enseignement pour patients adultes. Alors qu’elle s’y préparait à l’automne2017, Lauren Tittley, directrice de la clinique, avait plusieurs objectifs en tête. Cette clinique d’enseignement a donc pour but principal d’offrir aux étudiants des occasions de pratique clinique spécialisée auprès des adultes atteints de troubles acquis du langage comme l’aphasie, les troubles cognitifs de la communication et les troubles moteurs de la parole. «Nos étudiants devraient tous être préparés à travailler avec des adultes autant qu’avec des enfants», affirme-t-elle – avec raison, puisque sa propre formation lui a permis de travailler auprès d’adultes dans divers contextes cliniques. MmeTittley a également collaboré étroitement avec Noémie Auclair-Ouellet, Ph.D., nouvelle membre du corps professoral, afin de trouver des solutions pour appliquer les recherches en cours dans le contexte de la clinique (voir la biographie de Dre Auclair-Ouellet, dans l’encadré). Enfin, MmeTittley a discuté avec des cliniciens de la collectivité montréalaise afin d’avoir un aperçu des lacunes dans les services offerts aux adultes. Elle s’emploiera donc à combler ces lacunes en offrant des services aux clientèles moins bien desservies par le système de santé public.
Lauren Tittley, en compagnie de Johanna Gruber et Kristine Pennell - récemment diplômées - et de clients
Pour les étudiants, la créativité est essentielle
Six mois après son ouverture, la clinique traite 21clients atteints de troubles du langage variés. Alexandra Barbeau-Morrison et Heather Reid, deux étudiantes à la maîtrise, y effectuent leur dernier stage. Pendant ce stage, elles ont assumé de plus en plus de responsabilités et acquis de l’autonomie en planifiant des séances individuelles et de groupe, ainsi qu’en s’occupant de la logistique quotidienne de la clinique. «Il faut beaucoup de créativité pour travailler auprès des adultes, explique Heather. On doit établir des objectifs qui sont pertinents et concrets.» Par exemple, Alexandra et Heather ont créé des objectifs comme l’écriture et la répétition d’un discours pour un mariage avec un client aphasique, elles ont aidé un homme ayant subi un AVC à signer le livre qu’il avait écrit avant son accident et elles ont enseigné aux proches d’une personne atteinte d’un trouble du langage comment communiquer plus efficacement avec elle.
Les jeunes diplômées Heather Reid et Alexandra Barbeau-Morrison
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Orientations futures et besoins précis de la population adulte
Historiquement, les programmes de formation clinique en orthophonie ont consacré davantage d’attention à la population pédiatrique. «On ne peut pas simplement appliquer la formation que nous avons reçue auprès des enfants à la population adulte,» fait remarquer Heather suite à son expérience à la clinique. «Par exemple, les buts que l’on fixe pour la réadaptation sont différents de ceux qui sont fixés dans un contexte de soins intensifs ou dans d’autres contextes. Je crois que souligner ces différences serait une grande aide pour les étudiants.» En préparant ses cours de neurolinguistique appliquée, Dre Auclair-Ouellet a saisi l’occasion de repenser certains aspects de la formation afin de mieux outiller les étudiants pour la réalité du travail auprès d’une population adulte. Un de ces aspects est le besoin d’étendre la pratique au-delà de la réadaptation, puisque plusieurs clients sont aux prises avec des conditions chroniques ou dégénératives. «Les orthophonistes et les chercheurs en sont venus à la conclusion que la réadaptation n’est pas le but unique,» exprime Dre Auclair-Ouellet, «et que nous pouvons aussi aider les clients à trouver des stratégies compensatoires pour leurs difficultés et à se préparer pour ce qui est à venir.» Dans le futur, Dre Auclair-Ouellet entrevoit la clinique d’enseignement pour patient adultes comme un moyen d’offrir une formation professionnelle couvrant un plus large spectre de troubles neurodégénératifs, et d’impliquer les étudiants dans la recherche sur les troubles acquis du langage.
Même si la clinique d’enseignement pour patients adultes n’est en service que depuis quelques mois, elle est la preuve que l’ESCH est un excellent carrefour entre l’enseignement, la recherche et les services à la communauté. En effet, en plus d’avoir la chance de travailler à la clinique, les futurs étudiants pourront contribuer à sa croissance et à son impact dans la collectivité.
Biographie de Noémie Auclair-Ouellet, Ph.D.
Noémie Auclair-Ouellet s’est jointe à l’École des sciences de la communication humaine à titre de professeure adjointe à l’année2017-2018. Dre Auclair-Ouellet possède une maîtrise en orthophonie de l’Université Laval et un doctorat en médecine expérimentale de l’Université Laval et de l’Université de Neuchâtel. Au cours de ses études de doctorat, elle a travaillé sur la démence sémantique et tenté de déterminer les facteurs qui permettraient d’obtenir un meilleur diagnostic de cette forme rare de démence. Par la suite, Dre Auclair-Ouellet a reçu une formation postdoctorale à Calgary, où elle s’est intéressée à la neuroimagerie et aux symptômes non-moteurs de la maladie de Parkinson. Ses recherches actuelles portent sur la maladie de Parkinson et l’aphasie chronique. Elle projette entre autres de créer des outils d’évaluation du langage adaptés aux besoins des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurodégénératives.
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