Un antidiabétique comme traitement prometteur des symptômes d’une maladie associée à l’autisme
La metformine, le médicament le plus utilisé pour le traitement du diabète de typeÌý2, pourrait atténuer les symptômes du syndrome de l’X fragile, forme héréditaire de déficience intellectuelle à l’origine de certains cas d’autisme.
Une étude récente dirigée par des chercheurs de l’UniversitéÌýÃ山ǿ¼é, de ’UniversitéÌýd’Édimbourg et de l’Université de Montréal, a établi que la metformine améliorait les manifestations sociales, comportementales et morphologiques du syndrome de l’XÌýfragile chez la souris. Les résultats ont été publiés dans la revue .
Le syndrome de l’XÌýfragile est une maladie génétique causée par une anomalie du gène FragileÌýX Mental Retardation 1ÌýÌý(FMR1). Cette dernière déclenche une production excessive de protéines dans le cerveau et provoque une dysrégulation des connexions neuronales. La maladie perturbe la parole, le langage, le comportement et les rapports sociaux. Elle touche environ 1Ìýgarçon sur 5 000 et 1Ìýfille sur 6 000, et elle s’accompagne souvent d’autisme, d’un trouble anxieux et de crises d’épilepsie.
Chez des souris atteintes du syndrome de l’X fragileÌý– c’est-à -dire présentant des symptômes de la maladie, notamment une intensification du toilettage et une socialisation déficienteÌý– les connexions cérébrales et le comportement se sont normalisés après 10Ìýjours de traitement par de la metformine injectable.
Le PrÌýNahumÌýSonenberg, titulaire d’une chaire JamesÌýÃ山ǿ¼é au Département de biochimie de l’UniversitéÌýÃ山ǿ¼é et coauteur en chef de la nouvelle étude, voit poindre un espoir pour les personnes atteintes du syndrome de l’X fragile. « C’est l’une des études les plus captivantes de ma carrière, parce que nous tenons là un traitement très prometteur contre une maladie génétique pernicieuse et incurable », se réjouit le chercheur.
Comme le souligne ChristosÌýGkogkas, boursier du chancelier au Centre Patrick-Wild de l’Université d’Édimbourg, « la metformine est largement utilisée dans le diabète de typeÌý2 depuis plus de 30Ìýans; son innocuité et sa tolérabilité sont solidement établies ».
« Le médicament se prête donc à merveille à des essais cliniques accélérés, et, si tout se passe bien, peut-être pourra-t-on le prescrire rapidement pour le traitement du syndrome de l’X fragile », précise Jean‑ClaudeÌýLacaille, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neurophysiologie cellulaire et moléculaire, professeur au Département de neurosciences de l’Université de Montréal et collaborateur important de la présente étude.
Une « petite merveille »
Depuis quelques années, la metformine suscite un vif intérêt en raison de son efficacité possible dans le traitement de nombreux problèmes de santé, tels que le cancer, les maladies cardiovasculaires, les affections neurologiques et le vieillissement.
« Bref, c’est une vraie petite merveille », résume le PrÌý³§´Ç²Ô±ð²Ô²ú±ð°ù²µ.
« Nous nous sommes surtout intéressés au comportement autiste de la souris atteinte du syndrome de l’X fragile, explique IlseÌýGantois, associée de recherche au laboratoire du PrÌýSonenberg et coauteure principale avec ArkadyÌýKhoutorsky et JelenaÌýPopic, également chercheurs à Ã山ǿ¼é. Maintenant, nous voulons étudier le médicament chez d’autres modèles de souris pour déterminer son efficacité dans d’autres types d’autisme. »
L’étude a également révélé que la metformine rétablissait certaines des voies moléculaires perturbées chez les souris X fragile. Il reste maintenant à préciser comment le médicament agit sur ces voies exactement.
« Les modifications que provoque le médicament sont assez faciles à décrire, explique le PrÌý³§´Ç²Ô±ð²Ô²ú±ð°ù²µ. Mais lorsque vient le moment de décrire le mode d’action, le mécanisme moléculaire exact, c’est une autre paire de manches. Nous devons trouver en laboratoire les molécules avec lesquelles la metformine interagit et les fonctions cellulaires touchées. »
Enfin, ajoute le chercheur, on pourrait envisager de modifier légèrement la molécule en vue d’obtenir un médicament « plus efficace que la metformine » et possiblement utilisable dans d’autres indications.
Cette étude a été financée par la FondationÌýFRAXA, la Fondation BrainÌýCanada/FNC et une subvention Fondation des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) (FDN-148423) ainsi que des subventions Fondation pour la recherche sur le cerveau et le comportement octroyées à N.ÌýS.; une bourse Sir-Henry-Dale du Wellcome Trust et de la Royal Society (107687/Z/15/Z) octroyée à C.ÌýG.ÌýG.; le Programme des chaires de recherche du Canada (950-231066) par l’entremise de J.-C.ÌýL.; et une bourse postdoctorale de la Fondation BrainÌýCanada/NeuroDevNet accordée à J.ÌýP.
Ìý
L’article «  », par IlseÌýGantois etÌýcoll., a été publié dans la revue Nature Medicine.