Ã山ǿ¼é

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Myriam Denov reçoit la bourse Trudeau

La recherche participative au service des enfants nés de la guerre
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 17 September 2014
À l’échelle mondiale, on compte des milliers d’enfants nés du viol en temps de guerre. Pourtant, nous en savons très peu au sujet de leur expérience de vie et des liens qu’ils entretiennent avec leur famille et leur communauté. Myriam Denov, professeure à l’École de service social de l’Université Ã山ǿ¼é, a obtenu l’une des bourses de recherche canadiennes les plus prestigieuses afin de pallier le manque de données à cet égard. Le 16 septembre, Myriam Denov a reçu l’une des trois bourses 2014 de la Fondation Trudeau. Grâce à ce soutien financier, la lauréate vise à faire la lumière sur une population d’enfants et de jeunes « à la fois invisible et résiliente ».

Le projet sera mené en partenariat avec deux organisations non gouvernementales : Children/Youth as Peacebuilders, un organisme canadien, et Watye Ki Gen, une organisation africaine qui œuvre auprès de femmes ayant vécu en captivité. En plus de recevoir un soutien financier de 225 000 sur cinq ans, les boursiers Trudeau ont accès à un vaste réseau d’érudits et de mentors spécialisés en promotion et défense des droits de la personne.

Myriam Denov a été sensibilisée à la situation des enfants nés du viol en période de conflit alors qu’elle travaillait en Sierra Leone et en Colombie auprès d’anciens enfants soldats. L’image de l’enfant combattant qui nous est souvent présentée est celle d’un jeune homme armé d’un AK-47. Pourtant, aux quatre coins du monde, de nombreuses de jeunes filles prennent part à des combats armés. En Ouganda, où la professeure Denov mène des travaux soutenus par la Fondation Trudeau, la guerre civile a fait rage pendant plus de dix ans et des dizaines de milliers d’enfants ont été enlevés et forcés de porter les armes au nom de l’Armée de résistance du Seigneur. De ce nombre, on estime que jusqu’à 30 pour cent pourraient être des jeunes filles, dont plusieurs forcées de devenir « l’épouse » de commandants rebelles, de qui elles ont eu des enfants.   

Bien qu’au cours des dernières années des sommes aient été consacrées à la réintégration d’enfants soldats et à l’étude des répercussions de la violence sexuelle en temps de guerre, « une population demeure invisible, celle des enfants nés de ces atrocités », précise la chercheuse.

Children/Youth as Peacebuilders et Watye Ki Gen mènent présentement une étude quantitative afin de déterminer le nombre d’enfants nés du viol en période de conflit; un nombre qui pourrait s’élever à 10 000.

Recherche participative

Les travaux de la pionnière et experte dans l’utilisation de méthodes de recherche participative sur les enfants issus de groupes marginalisés sont reconnus au pays et à l’étranger. En Sierra Leone, la professeure Denov a fait appel à une méthode de recherche participative communautaire appelée PhotoVoice, qui allie la photographie à la conscientisation auprès de groupes et de communautés.

Selon la chercheuse, les données recueillies peuvent exercer une influence sur les programmes et les politiques publiques qui s’étend bien au-delà des frontières de l’Ouganda, auprès notamment des jeunes réfugiés et des communautés autochtones. Entre 1998 et 2007, les réfugiés reçus au Québec étaient principalement originaires de dix pays, dont huit touchés par la guerre.

L’afflux de réfugiés ayant pris part à des conflits armés est l’une des raisons qui ont incité Myriam Denov à créer, ici à Montréal, un groupe de soutien à l’intention des jeunes touchés par cette situation. « Ce sont de véritables survivants », de dire la chercheuse. « Ils ont tout l’air de l’adolescent moyen… mais je ne crois pas que j’aurais pu survivre à ce qu’ils ont vécu. Bon nombre de ces jeunes me disent qu’ici, au Canada, les gens n’arrivent pas à comprendre ce qu’ils ont vécu, et ce, même des professionnels aidants, et qu’il leur est difficile de trouver le soutien dont ils ont besoin. »

La boursière songe à la possibilité de mener une étude multipays sur les enfants nés de la guerre. Mais pour l’heure, d’autres recherches sur le terrain doivent être effectuées en Ouganda, notamment grâce au soutien de la Fondation et des organisations non gouvernementales avec qui elle collabore. « Je traite un sujet difficile, et suis très heureuse que des partenaires acceptent de m’y aider. »

/newsroom/

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