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Le bilinguisme : un avantage pour les enfants autistes?

Le bilinguisme pourrait accroître la flexibilité cognitive chez les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 16 January 2018

Les enfants qui présentent un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ont souvent du mal à passer d’une tâche à l’autre. Or, les résultats d’une étude publiée récemment dans la revue Child Development indiquent que les enfants bilingues pourraient avoir un peu plus de facilité à cet égard.

«ÌýIl s’agit d’une découverte surprenanteÌý», affirme AparnaÌýNadig, auteure principale de l’article et professeure à l’École des sciences de la communication humaine de l’Université Ã山ǿ¼é. «ÌýDepuis 15Ìýans, on assiste dans notre milieu à un important débat sur les "avantages du bilinguisme" pour la réalisation de fonctions exécutives. Certains chercheurs soutiennent de façon convaincante que le fait d’être bilingue et de devoir passer inconsciemment d’une langue à l’autre en fonction du contexte linguistique dans lequel la communication a lieu accroît la flexibilité cognitive. Toutefois, aucune étude n’a encore été publiée dans laquelle il serait démontré clairement que les enfants présentant un TSA profiteraient également de cet avantage. D’où notre enthousiasme lorsque nous avons découvert que c’est effectivement le cas.Ìý»

Les chercheurs en sont arrivés à cette conclusion après avoir observé le degré de facilité avec lequel 40Ìýenfants âgés de six à neuf ans, présentant ou non un TSA, unilingues ou bilingues, passaient d’une tâche à l’autre dans le cadre d’un test réalisé sur ordinateur. Chaque groupe comptait 10Ìýenfants.

Lapins bleus ou bateaux rouges

On a d’abord demandé aux enfants de classer en fonction de sa couleur un objetÌý– lapin bleu ou bateau rougeÌý– apparaissant sur un écran d’ordinateur. On leur a ensuite demandé de classer les mêmes objets, mais cette fois en fonction de leur formeÌý– lapin ou bateauÌý– sans égard à leur couleur.

Les chercheurs ont découvert que les enfants qui présentaient un TSA et qui étaient bilingues obtenaient de bien meilleurs résultats lorsqu’ils changeaient de tâcheÌý– partie la plus complexe du testÌý– comparativement aux enfants présentant un TSA qui ne parlaient qu’une seule langue. Cette découverte pourrait avoir de profondes répercussions pour les familles d’enfants présentant un TSA.

«ÌýIl est essentiel que nous disposions d’un plus grand nombre de données probantes auxquelles les familles peuvent se fier lorsqu’elles prennent des décisions importantes concernant l’apprentissage et l’éducation de leurs enfants, puisqu’on leur dit souvent qu’un enfant présentant un TSA exposé à plus d’une langue pourrait connaître de plus grandes difficultés langagièresÌý», affirme AnaÌýMariaÌýGonzalez-Barrero, auteure principale de l’article et récente titulaire d’un doctorat de l’UniversitéÌýÃ山ǿ¼é. «ÌýOr, on compte de plus en plus de familles d’enfants présentant un TSA pour lesquelles l’utilisation de deux ou plusieurs langues constitue une pratique courante et valorisée, notamment parce qu’au sein de sociétés bilingues comme celle de Montréal l’unilinguisme peut constituer à l’âge adulte un obstacle important à l’emploi, aux études et à la participation à la vie communautaire.Ìý»

En dépit de la faible taille de l’échantillon, les chercheuses estiment que «Ìýl’avantage conféré par le bilinguismeÌý» observé chez les enfants présentant un TSA a une portée très considérable et devrait faire l’objet d’études plus approfondies. Elles ont l’intention de suivre les enfants présentant un TSA ayant participé à leur étude au cours des trois -cinq prochaines années afin d’observer leur développement et de vérifier si l’avantage conféré par le bilinguisme constaté en laboratoire peut également être observé dans la vie quotidienne des enfants lorsqu’ils vieillissent.

Cette étude a été financée par le Fonds de recherche du QuébecÌý– Société et culture et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

L’article «ÌýCan Bilingualism Mitigate Set-Shifting Difficulties in Children with Autism Spectrum Disorders?Ìý», par AnaÌýMariaÌýGonzalez-Barrero et AparnaÌýS.ÌýNadig, a été publié dans la revue Child Development.

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