Comment la société peut-elle s’attaquer à l’inégalité?
La venue du temps des fêtes annonce souvent joie et célébrations, mais pour beaucoup, c’est une preuve désolante de l’inégalité croissante dans la société nord-américaine. Tandis que les ventes en ligne atteignent des chiffres jamais vus auparavant, les banques alimentaires ont du mal à répondre à la demande, et la proportion de personnes qui les utilisent augmente également, malgré le soi-disant « plein emploi ». Ces tendances inverses ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres de la concentration toujours plus forte de la richesse dans les poches d’un petit nombre, ce qui n’a pas seulement des répercussions sur les économies nationales et la cohésion sociale, mais touche aussi gravement la santé de la population. Bien que le Québec figure déjà parmi les régions du monde où l’inégalité de revenu est la plus faible, l’importance de ce problème a récemment amené le gouvernement provincial à offrir, par l’intermédiaire des Fonds de recherche du Québec, une subvention considérable à Amélie Quesnel-Vallée, professeure de Ã山ǿ¼é, pour qu’elle se penche sur la question.
« L’équité et la solidarité sociale sont des valeurs importantes au Québec, et cette initiative gouvernementale envoie un signal clair à cet égard », explique la professeure du Département de sociologie et du Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail. « La collaboration entre trois ministères et le financement qu’ils offrent à la recherche profitent à tous, car cela amènera une nouvelle contribution à la science, et nous connaissons déjà l’intérêt des décideurs. En ce qui concerne les retombées, ça ne pourrait pas être mieux. »
Le gouvernement du Québec prend en effet le problème très au sérieux : le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et le ministère des Finances font équipe avec les Fonds de recherche du Québec (Société et culture) pour donner près de 200 000 $ pour la réalisation de cette recherche, dont les résultats seront publiés dans deux ans.
La professeure Quesnel-Vallée sera à la tête d’une équipe interuniversitaire et multidisciplinaire de 11 chercheuses et chercheurs qui examinera le sujet sous différentes perspectives en utilisant des approches méthodologiques complémentaires, notamment des revues systématiques et la reconstitution de processus. Pour s’assurer que les résultats soient applicables au contexte québécois, l’équipe les validera auprès d’intervenants clés, dont des décideurs et des représentants du public, à l’aide d’un processus de consultation selon la méthode Delphi de RAND. Cette approche scientifique rigoureuse permettra de disposer de données fiables pour soutenir l’adoption de politiques publiques qui pourront jouer un rôle de premier plan dans l’atténuation des inégalités sociales dans notre société.
La professeure Quesnel-Vallée est particulièrement bien placée pour mener cette étude, étant titulaire de la Chaire de recherche du Canada en politiques et inégalités sociales de santé et la directrice de l’Observatoire sur les réformes des services de santé et sociaux de Ã山ǿ¼é. Elle est aussi professeure au Département de sociologie et au Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail.
Selon Statistique Canada, le pourcentage de personnes au Québec dont le revenu est considéré comme faible a augmenté de 8,6 % à 9,0 % de 2016 à 2017, ce qui représente près de 750 000 personnes. Pendant la même période, au Canada, ce pourcentage a baissé de 10,6 % à 9,5 %.