Accroître l’efficacité de la recherche animale préclini
Les lacunes en matière de recherche animale préclinique pourraient expliquer en partie ce taux de succès peu reluisant. Or, un certain nombre d’initiatives ont récemment été adoptées afin d’améliorer le plan et les modalités de ces études scientifiques. Ainsi, les résultats d’une nouvelle étude dirigée par le professeur Jonathan Kimmelman, de l’Université Ã山ǿ¼é, ont permis de déterminer les procédures clés que l’on croit susceptibles de contrer les facteurs qui menacent la validité des données précliniques.
Les auteurs de l’étude, dont les résultats ont été publiés cette semaine dans la revue spécialisée PLOS Medicine, ont effectué une recherche bibliographique systématique et relevé 26 lignes directrices comportant 55 procédures proposées par des groupes de scientifiques afin d’améliorer la qualité et la pertinence des études d’efficacité précliniques portant sur des médicaments expérimentaux. Ils ont ensuite résumé les résultats et les ont classés par ordre de priorité.
Bon nombre de ces recommandations ne sont pas systématiquement mises en œuvre en recherche préclinique. Par conséquent, « il est fort possible que certains médicaments passent à l’étape des essais cliniques sans que les chercheurs disposent de données probantes étayant leur utilité », affirme le professeur Kimmelman. « Sur le plan de l’éthique, cette situation pose problème, car les essais cliniques sont extrêmement coûteux, et exigeants pour les patients qui acceptent d’y participer. Nous ne tirons pas pleinement profit des études animales sur les médicaments expérimentaux, et tout essai qui se solde par un échec contribue à faire augmenter le prix des médicaments. »
Les chercheurs ont établi de nouvelles listes clés dans lesquelles sont précisées de nombreuses procédures déjà utilisées dans le cadre d’études sur les humains, notamment le recours à des échantillons de taille appropriée, ainsi que la réalisation d’essais à l’insu et avec randomisation. L’une de ces recommandations souligne l’importance de choisir les modèles animaux en fonction des manifestations de la maladie chez l’homme. (Dans le cas d’essais sur des souris afin de traiter une maladie infantile, par exemple, les chercheurs devraient utiliser de jeunes souris.)
L’article est cosigné par le professeur Kimmelman et Valerie C. Henderson, de l’Unité d’éthique biomédicale et de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de l’Université Ã山ǿ¼é, en collaboration avec des chercheurs de l'Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa, de l’Université d’Ottawa et de l’Université Western, située à London, en Ontario.
« Parce qu’elle cerne les recommandations adoptées par le plus grand nombre, nous estimons que notre analyse fournit davantage de données probantes permettant de mieux concevoir et interpréter les études cliniques portant sur des médicaments et réalisées chez l’animal », conclut le professeur Kimmelman. « Les investigateurs, les comités d’examen des établissements, les publications spécialisées et les organismes subventionnaires devraient accorder toute l’attention nécessaire à nos recommandations lorsqu’ils conçoivent, évaluent et financent des travaux de recherche translationnelle. »
Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.
Références photographiques: Rama/Wikimedia Commons