En dĂ©cembre 2018, Ă Belgrade, le professeur de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé Tomislav Friščić a animĂ© un atelier sur la chimie verte auquel ont participĂ© plus de 50 personnes issues des milieux universitaire, industriel, journalistique, gouvernemental et de l’éducation. Ces participants venaient de Croatie (oĂąTomislav Friščić a obtenu son diplĂ´me de premier cycle), de Bosnie et de Serbie.
« Chacune des séances a donné lieu à des débats assez difficiles, explique Tomislav Friščić. Les chercheurs universitaires proposaient des solutions, puis les membres de l’industrie ou des gouvernements fournissaient un point de vue totalement différent. La situation est loin d’être simple : il n’existe pas de solution unique en matière de transition écologique. »
En Serbie, l’un des principaux problèmes environnementaux est la pollution causée par l’industrie minière. Lors de l’atelier, l’utilisation de micro-organismes pour la dépollution de l’environnement et l’amélioration de la séparation et de l’exploitation des minéraux comme le cuivre, le plomb et le zinc a suscité bon nombre de discussions.
Selon Srđjan Sokolović, expert en déchets chimiques qui travaille pour l’industrie pétrolifère de la Serbie, après la guerre civile de 1991, le plus grand défi pour le pays était ni plus ni moins que de conserver son industrie en état de fonctionnement. « Avant la guerre civile, notre industrie pétrolifère était solide au sein du marché yougoslave, qui comptait alors 23 millions de personnes. Aujourd’hui, la plupart des entreprises ont été vendues, est les marchés indépendants des membres de l’ex-Yougoslavie sont de taille considérablement moindre qu’à l’époque. Si l’on crée un nouveau produit, qu’il soit écologique ou non, notre plus gros problème, c’est de réussir à le mettre en place dans des marchés aussi pauvres et limités. »
Soutien aux technologies propres
Les participants et animateurs ont également mis en lumière un autre problème : le rôle capital du soutien tant gouvernemental que mondial pour les technologies propres. En Afrique du Sud et en Croatie, où il y a eu des incitatifs gouvernementaux ou européens en faveur de la recherche en développement durable, les possibilités de mise en place d’initiatives écologiques ont été bien plus nombreuses qu’en Colombie et en Serbie, où le soutien a été très sporadique. Dans certains cas, les obstacles à la mise en œuvre de processus d’affaires plus propres n’étaient pas uniquement économiques, géologiques ou sociaux : ils étaient aussi politiques.
« Il nous fallait non seulement présenter de nouvelles technologies, mais aussi encourager leur utilisation. Ça n’a pas été un atelier où tout le monde disait, “oui, c’est super, adoptons des processus plus écologiques”... Ça ressemblait plus à un club de débat, en quelque sorte. Quelques diapositives d’informations pouvaient susciter jusqu’à six heures de débats. Après cela, nous allions prendre un café ou manger des ćevapi, et les échanges se poursuivaient, explique le professeur Friščić. Au bout de cinq jours, après d’intenses discussions, nous avons fini par mieux comprendre les possibilités technologiques et économiques existant dans la région et les meilleurs moyens de les mettre à profit. Cela nous a permis, ensemble, de comprendre et de surmonter nos différences et de laisser la place aux compromis et au changement. Cet environnement a été extrêmement motivant et constructif. J’ai trouvé l’expérience passionnante. »