Ã山ǿ¼é

Si la médecine vous était contée…

Un cœur de jeune homme présentant une malformation…

La trachée d’un enfant dans laquelle une arachide, encore visible, est demeurée coincée…

Une énorme boule de cheveux extraite d’un estomac humain…

Devant pareils spécimens, le visiteur est transporté illico au xixe siècle, au beau milieu d’un cours de médecine.

Pour la toute première fois, le grand public aura accès à la collection historique de pièces anatomiques et pathologiques de la Faculté de médecine de l’Université Ã山ǿ¼é au Musée de la médecine Maude‑Abbott, fraîchement rénové. Tout comme l’Université, cette collection est née il y a près de deux siècles.

La constitution d’une telle collection serait impossible aujourd’hui. « De nos jours, les gens donnent leur corps à la science, pas à des ³¾³Ü²õé±ðs », explique le Dr Rick Fraser, professeur au Département de pathologie de l’Université Ã山ǿ¼é et pathologiste au Centre universitaire de santé Ã山ǿ¼é. Au xixe siècle, précise-t-il, il n’était pas rare de voir des étudiants en médecine piller les cimetières. Aux grands maux, les grands moyens!

Mais ces spécimens présentent-ils encore un intérêt en 2018? Oui, bien sûr, puisqu’ils racontent l’histoire de l’enseignement de la médecine à l’Université Ã山ǿ¼é, mais aussi dans le monde, et ils nous permettent d’observer les effets de maladies qui étaient autrefois monnaie courante, comme la syphilis, la tuberculose extrapulmonaire et le rachitisme, précise le Dr Fraser, également directeur du Musée.

Celle qui a donné son nom au Musée, Maude Abbott, est une figure marquante de l’histoire du Canada et de la médecine. Après avoir reçu son diplôme de l’Université Ã山ǿ¼é – elle est l’une des premières diplômées de notre établissement – elle a dû aller faire ses études de médecine à l’Université Bishop’s, puisque la Faculté de médecine de Ã山ǿ¼é n’admettait pas les femmes à l’époque.

Maude Abbott est ensuite revenue à Ã山ǿ¼é à titre de conservatrice adjointe, puis de conservatrice, du Musée de pathologie. En 1910, elle a enfin reçu – bien qu’à titre honorifique – un doctorat en médecine de l’Université Ã山ǿ¼é, le premier décerné à une femme. Ses recherches ont fait d’elle une sommité de renommée mondiale dans le domaine de la cardiopathie congénitale.

Sir William Osler , père de la médecine moderne, a fait don de multiples spécimens au Musée, la plupart provenant des quelque 800 autopsies qu’il avait pratiquées à l’Hôpital général de Montréal.

En 1907, de nombreux spécimens ont été détruits dans l’incendie qui a rasé le Pavillon des sciences médicales de l’Université. Le Musée s’est alors installé dans un local aménagé sur mesure pour l’accueillir dans le Pavillon d’anatomie Strathcona. Au fil des ans, les spécimens ont été peu à peu délaissés comme outils d’enseignement de la médecine au profit des photographies.

Après la mort de Maude Abbott, en 1940, le Musée a été démantelé, et bon nombre des pièces de sa collection ont été entreposées ou détruites.

Puis, en 2006, on a fait renaître le Musée Maude‑Abbott lors du Congrès de l’Académie internationale de pathologie, ravivant du coup l’intérêt pour ces spécimens. Six ans plus tard, l’Université ouvrait le Musée de la médecine Maude‑Abbott, qui abrite aujourd’hui de nombreux spécimens et artéfacts du merveilleux monde des sciences de la santé.

Le Musée de la médecine Maude‑Abbott (situé au ) est ouvert le mercredi et le vendredi entre 13h et 18h.

*La version originale de ce texte est parue dans Medicine Focus


En photo : Le Dr Rick Fraser, professeur au Département de pathologie de l’Université Ã山ǿ¼é et pathologiste au Centre universitaire de santé Ã山ǿ¼é, présente l'un des nombreux spécimens du Musée de la médecine Maude‑Abbott.
Crédit : Owen Egan/Joni Dufour

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