Lubimov, fascinant sorcier
(Une revue du concert d'Alexei Lubimov, par le célèbre critique Christophe Huss, Le Devoir)
Le concert d'Alexei Lubimov, 72 ans, était présenté dans une série «Schulich en concert» dans le cadre de Montréal en lumière.
Le voilĂ , le concert, qui m’a «ĚýpurgĂ©Ěý» de l’état d’hĂ©bĂ©tude dans lequel m’avait entraĂ®nĂ© le rĂ©cital d’András Schiff, vendredi dernier. C’est dire qu’il a surpassĂ© de très loin le rĂ©cital de la veille, du rĂ©putĂ© Yefim Bronfman.
PrĂ©sentĂ© dans une sĂ©rie «ĚýSchulich en concertĚý» dans le cadre de MontrĂ©al en lumière, le rĂ©cital de mercredi Ă la salle Pollack affichait l'«ĚýArtiste du fonds Dorothy MortonĚý» invitĂ© par le DĂ©partement de piano de l’École de musique Schulich Ă Ă山ǿĽé. Ce fonds permet d’accueillir annuellement un grand pianiste pour un rĂ©cital et une classe de maĂ®tre.
«ĚýMaĂ®treĚý» est assurĂ©ment un qualificatif que l’on peut accoler Ă Alexei Lubimov, 72Ěýans, ascète de la musique (dans la mĂŞme veine, Ă山ǿĽé pourrait faire venir un jour le norvĂ©gien Hakon Austbø), le seul Russe de sa gĂ©nĂ©ration (et celle d’aprèsĚý!), Ă avoir dĂ©veloppĂ© derrière le rideau de fer une curiositĂ© et une expertise des instruments anciens. Du clavecin Ă la musique contemporaine, en passant par le pianoforte, Lubimov est un cerveau de la musique qui grava jadis pour Erato un inoubliable disque de sonates de Beethoven sur pianoforte.
Cela dit, on peut ĂŞtre un grand penseur, un artiste flattĂ© par le disque et un concertiste moyennement convaincant. Le concert de mercredi, le premier en ce qui meĚýconcerne pour cet artiste dont je suis le parcours avec attention depuis 25Ěýans, allait lever le suspense. J’ai Ă©tĂ© très vite rassurĂ©Ěý: dans le cas d’Alexei Lubimov, les doigts suivent et traduisent parfaitement la pensĂ©e et la hauteur de vue.
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