Usage récréatif de cocaïne : la dépendance pourrait survenir plus tôt qu’on ne le pensait
Selon des chercheurs de l’Université Ã山ǿ¼é, les stimulus associés à la consommation de cocaïne, comme voir quelqu’un consommer cette drogue, provoquent la libération de dopamine dans une région du cerveau qui favoriserait l’usage compulsif, et ce, même chez les usagers récréatifs.
Publiés dans ³§³¦¾±±ð²Ô³Ù¾±´Ú¾±³¦Ìý¸é±ð±è´Ç°ù³Ù²õ, les résultats de cette étude donnent à penser que les personnes estimant faire un usage récréatif de la cocaïne pourraient, de fait, être plus près de la dépendance qu’elles le croient.
« Certains signaux cérébraux typiques de la dépendance sont présents beaucoup plus tôt que la plupart d’entre nous auraient pu l’imaginer », explique Marco Leyton, spécialiste en neurobiologie de la consommation de drogues et de la dépendance, et professeur au Département de psychiatrie de l’Université Ã山ǿ¼é.
Les chercheurs savent depuis des années que la consommation de cocaïne libère de la dopamine, un neurotransmetteur présent dans le circuit de la récompense du cerveau. Chez les personnes avec un problème de consommation, tout stimulus associé à la prise de cocaïne exerce le même effet. Ainsi, un simple stimulus visuel — par exemple, la vue d’une personne consommant cette drogue — suffit pour déclencher la production de dopamine et l’état de manque.
Les scientifiques croient depuis longtemps qu’au fil de la progression de la dépendance, la libération de dopamine provoquée par un stimulus passe sous la coupe de la partie dorsale du striatum, structure enfouie dans les profondeurs du cerveau et dont on a largement étudié le rôle dans le circuit de la récompense.
« Cette zone du cerveau joue un rôle important dans la perte de la maîtrise de soi, ce moment où l’usager, cherchant la sensation de récompense, n’est plus maître de ses comportements, explique. Le striatum dorsal est le siège des habitudes — la différence, par exemple, entre manger de la crème glacée parce que c’est bon, ou le faire par automatisme, sans que ce soit un plaisir ou malgré les conséquences néfastes de ce geste, telles que la prise de poids ou les problèmes de santé. »
« Le passage d’un comportement volontaire à un comportement automatique compte pour beaucoup dans l’installation d’un usage impérieux et compulsif, puis d’une dépendance », ajoute Sylvia Cox, chercheuse postdoctorale au Centre d’imagerie cérébrale McConnell et auteure principale de l’article. Â
En faisant appel à la tomographie par émission de positons (TEP), l’équipe du professeur Leyton a toutefois démontré que de la dopamine est aussi sécrétée dans le striatum dorsal des consommateurs récréatifs de cocaïne.
Pour ce faire, ils ont créé des stimulus parfaitement adaptés aux sujets en les filmant dans leur laboratoire pendant qu’ils ingéraient de la cocaïne en compagnie d’un ami avec qui ils avaient déjà utilisé cette substance. Lors d’une séance ultérieure, les sujets ont été soumis à une TEP alors qu’ils regardaient la vidéo de leur ami consommer de la cocaïne. Ce stimulus visuel a été suffisant pour augmenter l’état de manque et la sécrétion de dopamine dans le striatum dorsal des sujets.
Les résultats font ressortir l’importance d’une aide précoce pour prévenir les graves conséquences de la dépendance, ajoute le chercheur.
Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.
L’article « », par S. M. L. Cox et coll., a été publié dans Scientific Reports.