Une toute première étude sur l'utilisation thérapeutique du cannabis au Canada
Une étude inédite sur les questions d'innocuité liées à l'utilisation thérapeutique du cannabis vient d'être entreprise. Désignée sous le nom de COMPASS (Cannabis for the management of pain: assessment of safety study), l'étude suivra pendant un an 1 400 patients qui souffrent de douleur chronique, dont 350 utilisent le cannabis pour soulager la douleur. Actuellement, sept cliniques anti-douleur au Canada recrutent des patients pour cette étude.
Le Dr Mark Ware, chercheur principal et médecin de la douleur au Centre universitaire de santé Ã山ǿ¼é (CUSM), explique que « de façon générale, les patients qui participent à l'étude ont eu des lésions rachidiennes ou souffrent de sclérose en plaques, d'arthrite ou de toute autre douleur neuropathique ou musculaire difficile à traiter. Nous ne recrutons pas de patients souffrant du cancer pour cette étude. »
« Les participants auront accès à de l'herbe de cannabis de qualité normalisée pour la recherche et seront suivis pendant un an », ajoute le Dr Jean-Paul Collet, également chercheur principal de l'étude et professeur d'épidémiologie à l'Université Ã山ǿ¼é.
« Nous prévoyons étudier une série d'aspects liés à l'innocuité, notamment les réactions indésirables, les effets sur le rein, le foie et le cœur de même que le niveau hormonal, dit-il. Les patients seront soumis à des tests au début et à la fin de l'étude afin de déterminer si l'utilisation thérapeutique du cannabis affecte les fonctions cognitives. »
Depuis 1999, dans des cas spécifiques, les patients canadiens peuvent prendre du cannabis à des fins thérapeutiques, sous réserve d'une recommandation de leur médecin et de l'autorisation de Santé Canada. Néanmoins, l'innocuité du cannabis thérapeutique n'a encore fait l'objet d'aucune étude scientifique.
« Certaines études portent sur la capacité du cannabis d'alléger la douleur ou d'autres symptômes. Elles sont certes importantes, mais il nous faut aussi savoir dans quelle mesure l'usage thérapeutique du cannabis est vraiment sécuritaire », de déclarer le Dr Ware. « Nous disposons de certaines données provenant des personnes qui en font un usage récréatif. Cependant, nous devons analyser les aspects liés à l'innocuité chez les patients qui doivent prendre plusieurs médicaments et qui, par exemple, souffrent d'hypertension ou de diabète, maladies qui compliquent la situation. »
L'herbe de cannabis utilisée pour l'étude est produite par Prairie Plant Systems Inc. dans le cadre d'un contrat avec Santé Canada. La souche utilisée contient environ 12 % de THC, l'ingrédient actif. Le cannabis fourni par le gouvernement sera livré aux pharmacies des divers centres qui le distribueront aux patients.
« À l'heure actuelle, des milliers de Canadiens recourent au cannabis pour soulager la douleur », déclare le Dr Ware. « Nous devons réunir beaucoup plus de données sur l'innocuité de cette drogue pour les patients. L'étude COMPASS constitue la toute première tentative en vue de recueillir ce type d'information sur une longue période, dans des circonstances diversifiées et dans des conditions réelles d'utilisation. »
Les patients qui souhaitent participer à l'étude COMPASS doivent faire le 1-866-302-4636 (sans frais) et laisser leur nom et leur numéro de téléphone. Un coordonnateur les contactera pour évaluer s'ils répondent aux critères de l'étude. Tous les renseignements demeureront strictement confidentiels.
Les centres et cliniques qui recrutent des patients sont le CUSM et le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) à Montréal, le Centre de recherche sur l'arthrite à Vancouver, le Centre professionnel Meadowlark Place à Edmonton, le London Health Sciences Centre de London, le Centre de réadaptation Stan Cassidy à Fredericton et le Centre des sciences de la santé Reine-Elizabeth II à Halifax. L'étude est financée grâce à une bourse de 1.8 million de dollars de Santé Canada dans le cadre de l'Initiative d'étude ouverte sur l'innocuité de la marijuana (IEOIM), programme de subvention en partenariat des Instituts de recherche en santé du Canada.