Un petit pas pour les neurones, un grand pas vers la régénération neuronale
Des scientifiques créent des synapses in vitro grâce à des substances artificielles : une grande avancée dans la régénération neuronale
La rĂ©gĂ©nĂ©ration des neurones endommagĂ©s constitue l’un des principaux enjeux de la mĂ©decine d’aujourd’hui. De nouvelles Ă©tudes effectuĂ©es par des chercheurs de l’Institut et hĂ´pital neurologique de MontrĂ©al (le Neuro) et de l’universitĂ© Ă山ǿĽé font figure d’avancĂ©es considĂ©rables vers la rĂ©gĂ©nĂ©ration neurologique. L’étude, qui a fait la une de la revue Journal of Neuroscience du 7 octobre, est la première Ă dĂ©montrer que les neurones peuvent croĂ®tre et crĂ©er des contacts significatifs et fonctionnels, ou synapses – jonctions spĂ©cialisĂ©es qui assurent la transmission d’informations entre les neurones. Dans ce cas-ci, il est question d’une composante artificielle sous forme de billes de plastique recouvertes d’une substance qui facilite l’adhĂ©sion et attire les neurones.
« De nombreuses thĂ©rapies, la plupart toujours Ă l’étape de la conception, visent la restauration de la connexion entre les neurones et les fibres nerveuses sectionnĂ©es qui Ă©taient responsables de l’innervation d’un tissu-cible, habituellement un muscle, » explique le docteur David Colman, directeur du Neuro et chercheur principal de l’étude. « Les approches thĂ©rapeutiques traditionnelles nĂ©cessitent la rĂ©gĂ©nĂ©ration, sur une distance pouvant aller jusqu’à un mètre, d’une fibre nerveuse sectionnĂ©e, afin de pouvoir Ă©ventuellement rĂ©tablir sa fonction. Toutefois, notre approche contourne la nĂ©cessitĂ© de forcer les neurones Ă se rĂ©gĂ©nĂ©rer artificiellement sur de telles longueurs et supprime le besoin de crĂ©er une synapse entre eux, deux Ă©lĂ©ments qui reprĂ©sentent un frein important Ă la restauration d’un système nerveux endommagĂ©. » Â
« Dans le cadre du programme NeuroEngineering de Ă山ǿĽé, nous abordons la situation d’une toute nouvelle façon, » a dĂ©clarĂ© la docteure Anna Lisa Lucido, qui a effectuĂ© des expĂ©rimentations pour l’étude en question dans le cadre de sa recherche doctorale au Neuro et qui est actuellement dĂ©tentrice d’une bourse de perfectionnement post-doctoral Ă l’UCSF. « Ce programme, menĂ© par le docteur Colman, est un consortium pluridisciplinaire qui combine les connaissances, l’expertise et les points de vue de 40 scientifiques provenant de diffĂ©rents domaines afin de se concentrer sur les dĂ©fis que prĂ©sente la rĂ©gĂ©nĂ©ration neurologique dans le système nerveux central. Notre approche consiste Ă favoriser la connexion fonctionnelle de cellules nerveuses intactes avec des substrats artificiels et ainsi crĂ©er un paradigme qui pourra ĂŞtre appliquĂ© par la suite Ă des systèmes-modèles comprenant des neurones endommagĂ©s. L’approche sera associĂ©e Ă des stratĂ©gies favorisant le prolongement des terminaisons neuronales par lesquelles se forment les connexions, ou synapses. Il s’agit d’un grand dĂ©fi Ă relever, mais notre capacitĂ© de provoquer sur demande la formation de connexions est un dĂ©part très prometteur. Notre cible ultime est de crĂ©er une plateforme double favorisant non seulement la rĂ©gĂ©nĂ©ration des cellules endommagĂ©es, mais aussi le rĂ©tablissement de leurs connexions fonctionnelles. »
Les synapses qu’a permis de générer la présente étude sont pour ainsi dire identiques à leurs équivalents naturels, sauf que le « récepteur » de la synapse est un plastique artificiel plutôt qu’un neurone ou un tissu-cible. Il s’agit de la première étude, avec ces dispositifs en particulier, démontrant que l’adhésion est une des étapes fondamentales du déclenchement de l’assemblage de complexes synaptiques.
« Même si les composantes des synapses ont déjà été induites lors d’études similaires, par le passé, leur fonctionnalité n’a jamais été prouvée. Afin d’évaluer leur fonctionnement, c’est-à -dire la transmission d’un signal depuis la synapse, nous avons électriquement stimulé le neurone pour transmettre le signal, un potentiel d’action, vers la synapse. La stimulation artificielle des neurones et l’application d’un colorant nous a permis de constater que la transmission avait eu lieu, car le colorant a été absorbé par les synapses. »
« Nous croyons que, d’ici les cinq prochaines années, nous posséderons un dispositif pleinement fonctionnel qui pourra transmettre directement des signaux cellulaires naturels depuis le neurone vers une matrice artificielle comprenant un mini-ordinateur qui communiquera par réseau sans fil avec des tissus-cibles, » a déclaré le docteur Colman. Ces résultats présentent non seulement un modèle pour comprendre la formation des neurones, lequel pourra servir dans des études ultérieures, mais suscitent l’optimisme chez ceux qui sont atteints de troubles neurologiques et s’avèrent porteur d’espoir en ce qui a trait à l’utilisation de substrats artificiels dans la régénération des nerfs endommagés.
L’Institut et Hôpital neurologique de Montréal
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L’Institut et HĂ´pital neurologique de MontrĂ©al (le Neuro) est un centre mĂ©dical universitaire unique, spĂ©cialisĂ© en neurosciences. Ă€ la fois institut de recherche et d'enseignement de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé, le Neuro constitue l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santĂ© Ă山ǿĽé. FondĂ© en 1934 par l'Ă©minent Dr Wilder Penfield, le Neuro est reconnu mondialement pour son intĂ©gration de la recherche, les soins qu’il prodigue avec compassion aux patients et sa formation spĂ©cialisĂ©e, tous des Ă©lĂ©ments essentiels au progrès des sciences et de la mĂ©decine. Les chercheurs du Neuro sont des chefs de file mondiaux en neurosciences cellulaire et molĂ©culaire, en imagerie cĂ©rĂ©brale, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l'Ă©tude et le traitement de l'Ă©pilepsie, de la sclĂ©rose en plaques et de troubles neuromusculaires. Pour tout renseignement, veuillez visiter .