Porter davantage attention aux problèmes d’attention
Les parents adoptifs d’Hélène (prénom fictif) n’ont pas été surpris lorsque la conseillère scolaire leur a laissé entendre que leur fille présentait peut-être un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
La plupart des gens estimeraient sans doute qu’HĂ©lène prĂ©sente effectivement un TDAH. ĚýĚý
Or, selon des chercheurs de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé, les problèmes d’attention pourraient ĂŞtre surdĂ©clarĂ©s chez les enfants atteints du SAF, simplement parce que les parents et les professeurs ont recours Ă une base de comparaison inappropriĂ©e. En effet, ils soumettent Ă des tests des enfants atteints du SAF et comparent les rĂ©sultats qu’ils obtiennent Ă ceux d’enfants du mĂŞme âge biologique et chronologique, plutĂ´t qu’à ceux d’enfants ayant le mĂŞme âge mental, âge qui, dans bien des cas, est considĂ©rablement infĂ©rieur.
« Comme le lien entre le SAF et le TDAH est clairement dĂ©crit dans la littĂ©rature scientifique, les parents et les professeurs s’attendent Ă ce que les enfants qui souffrent du SAF prĂ©sentent des problèmes d’attention, affirme Jacob Burack, professeur au DĂ©partement de psychopĂ©dagogie et de psychologie du counseling de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé et auteur en chef d’une Ă©tude rĂ©cente sur le sujet. ĚýBien souvent, les professeurs ne rĂ©alisent pas que l’enfant de onze ans Ă qui ils enseignent a plutĂ´t huit ans en termes d’âge de dĂ©veloppement. Il s’agit d’une diffĂ©rence considĂ©rable. En ayant recours Ă l’âge mental comme base de comparaison, de nombreux problèmes d’attention dĂ©crits chez les enfants prĂ©sentant un SAF ne semblent pas aussi importants.Ěý»
Pour les besoins de leur Ă©tude, les chercheurs ont recrutĂ© des enfants atteints du SAF dont l’âge chronologique moyen Ă©tait lĂ©gèrement infĂ©rieur Ă douze ans. Toutefois, l’âge mental de ces enfants, dĂ©terminĂ© au moyen d’épreuves Ă©talonnĂ©es, se situait plutĂ´t Ă neuf ans et demi environ. (Ces enfants ont Ă©tĂ© recrutĂ©s auprès de l’Asante Centre for Fetal Alcohol Syndrome, en Colombie-Britannique. Si le nombre de sujets peut sembler restreint, il s’agit d’un Ă©chantillon relativement courant pour les Ă©tudes sur le SAF, compte tenu des difficultĂ©s associĂ©es Ă l’établissement d’un diagnostic.) ĚýĚý
Les sujets ont ensuite Ă©tĂ© comparĂ©s Ă des enfants dont le dĂ©veloppement Ă©tait normal et dont l’âge chronologique moyen Ă©tait de huit ans et demi environ et l’âge mental moyen Ă©tait comparable Ă celui du groupe de sujets chez lesquels on avait diagnostiquĂ© un SAF. Ěý
Après avoir soumis les sujets Ă des Ă©preuves visant Ă mesurer certains aspects de l’attention, les chercheurs ont comparĂ© les rĂ©sultats obtenus par les enfants atteints du SAF et ceux d’enfants ayant le mĂŞme âge mental. Ils ont constatĂ© que si les enfants comme HĂ©lène Ă©prouvaient des difficultĂ©s avec certains types de compĂ©tences attentionnelles, notamment en ce qui a trait au transfert de l’attention d’un objet Ă l’autre, ils n’éprouvaient en revanche aucune difficultĂ© importante dans certains autres domaines, comme la concentration. Par consĂ©quent, si l’on prend comme exemple une partie de hockey, ces enfants n’auraient pas de difficultĂ© Ă se concentrer sur la rondelle, mais auraient du mal Ă la suivre lorsqu’elle passe d’un joueur Ă l’autre. Ěý
Selon la doctorante Kimberly Lane, qui a dirigĂ© cette Ă©tude, il nous faut acquĂ©rir une comprĂ©hension plus nuancĂ©e des compĂ©tences attentionnelles. «ĚýNous utilisons librement des mots comme "attention", bien qu’il s’agisse vĂ©ritablement d’un terme gĂ©nĂ©rique qui englobe divers aspects de la prise en charge de personnes diffĂ©rentes dans le cadre d’évĂ©nements ou d’environnements diffĂ©rents, prĂ©cise la chercheuse. ĚýEn ayant recours Ă des mĂ©thodes plus complexes pour Ă©valuer divers aspects de l’attention, nous pourrons tracer un meilleur portrait des difficultĂ©s d’attention Ă©prouvĂ©es par les enfants atteints du SAFĚý», ajoute-t-elle.
«ĚýToutefois, peu importe les rĂ©sultats des Ă©preuves, les professeurs et les parents doivent comprendre que les difficultĂ©s d’attention de ces enfants sont peut-ĂŞtre moins importantes que les problèmes plus gĂ©nĂ©raux auxquels ils font face, et que nous devons travailler avec eux tels qu’ils sont.Ěý»
Article publiĂ© dans Frontiers in Human NeuroscienceĚý:
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