Le verre se déforme, mais ne se brise pas
«ĚýLes coquilles des mollusques sont constituĂ©es Ă environ 95Ěý% de craie, laquelle est très fragile dans sa forme naturelleĚý», explique M.ĚýBarthelat. «ĚýCependant, la nacre qui tapisse l’intĂ©rieur des coquilles est faite de tablettes microscopiques comparables Ă de miniatures briques Lego. La nacre est connue pour sa soliditĂ© et sa rĂ©sistance extrĂŞmes, et sa structure fait l’objet d’études depuis vingt ans.Ěý»
Selon M.ĚýBarthelat, les tentatives antĂ©rieures pour recrĂ©er les structures de la nacre se sont rĂ©vĂ©lĂ©es problĂ©matiques. «ĚýImaginez essayer de construire un mur de Lego Ă l’aide de briques microscopiques. Pas facile.Ěý» Son Ă©quipe et lui ont plutĂ´t choisi d’étudier les interfaces entre les blocs de constructions des matĂ©riaux naturels comme la nacre. Ils se sont servis de lasers pour graver des rĂ©seaux de microfissures en 3D dans des lames de verre afin de crĂ©er des interfaces faibles similaires. Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© spectaculaires.
Les chercheurs ont rĂ©ussi Ă multiplier par 200Ěýla rĂ©silience des lames de verre (comme celles qu’on utilise sous un microscope) comparativement Ă des lames non gravĂ©es. En gravant Ă la surface de verre borosilicatĂ© des rĂ©seaux de microfissures, qui forment des configurations de lignes ondulĂ©es dont les formes rappellent les bords ondulĂ©s des morceaux d’un casse-tĂŞte, ils sont parvenus Ă arrĂŞter la propagation et l’agrandissement des fissures. Bien que, selon M.ĚýBarthelat, ce procĂ©dĂ© n’est pas essentiel puisque les tracĂ©s crĂ©Ă©s dans les microfissures suffisent pour empĂŞcher le verre de se fracturer, l’équipe a rempli ces dernières de polyurĂ©thane.
Les chercheurs se sont servis de plaques de verre parce que leurs dimensions et le verre se prĂŞtent bien Ă l’engravure au laser. M.ĚýBarthelat croit par ailleurs qu’il sera très facile d’utiliser ce procĂ©dĂ© Ă plus grande Ă©chelle, sur toute plaque de verre, quelle qu’en soit la taille, Ă©tant donnĂ© qu’il est dĂ©jĂ possible de graver des logos et des motifs sur des panneaux de verre. Son Ă©quipe et lui sont très enthousiastes Ă l’idĂ©e d’entreprendre ces travaux.
«ĚýLes matĂ©riaux naturels nous montrent comment des tracĂ©s de microfissures peuvent contrĂ´ler et limiter la propagation de plus grandes fissures et par le fait mĂŞme, d’absorber l’énergie d’un impact, prĂ©cise M.ĚýBarthelat. Nous avons choisi de travailler avec du verre parce que nous voulions travailler avec l’archĂ©type des matĂ©riaux fragiles. Nous prĂ©voyons toutefois d’explorer les mĂŞmes techniques sur des ĚýcĂ©ramiques et des polymères. L’observation de la nature peut sans aucun doute mener Ă l’amĂ©lioration de nos matĂ©riaux d’ingĂ©nierieĚý».
Pour lire l’article complet : Overcoming the brittleness of glass through bio-inspiration and micro-architecture, par F. Barthelat et coll. dans Nature CommunicationsĚý: .
Les travaux ont Ă©tĂ© financĂ©s par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en gĂ©nie et par la Fondation canadienne pour l’innovation, et l’un des auteurs a bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien partiel du Prix d’études doctorales en gĂ©nie de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé. Les auteurs remercient la sociĂ©tĂ© Vitro pour ses conseils techniques utiles.
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