Anesthésie transcontinentale : une première mondiale
Des chercheurs de Ã山ǿ¼é et du Centre universitaire
de santé Ã山ǿ¼é pratiquent une première anesthésie par
vidéoconférence
Il arrive parfois que les vidéoconférences soient soporifiques,
mais jamais à ce point. Le 30 août 2010, le Dr Thomas Hemmerling et
son équipe du Département d’anesthésie de Ã山ǿ¼é ont signé une
première mondiale en traitant depuis Montréal un patient opéré de
la glande thyroïde…en Italie. Cette technique innovante relève de
la « téléanesthésie » et fait appel à une équipe d’ingénieurs, de
chercheurs et d’anesthésistes qui administreront l’anesthésique par
intraveineuse, moyennant une surveillance à distance entièrement
automatisée.
Cette prouesse médicale est l’aboutissement d’une collaboration
scientifique entre l’équipe du Dr Hemmerling et l’équipe italienne
du Dr Zaouter du Département d’anesthésie de l’Université de Pise
(Directeur du département d’anesthésie, le professeur
Giunta).
« Cette méthode présente un intérêt évident pour les pays où un
grand nombre de personnes vivent dans des régions éloignées, comme
le Canada, et où des spécialistes ne sont pas toujours disponibles
sur place », souligne le Dr Hemmerling. « Elle pourra également
être mise au service de la formation des futurs médecins, car elle
permettra aux résidents d’exécuter certaines tâches sans avoir de
tuteur à leurs côtés, ce qui aura pour effet d’améliorer leur
confiance dans leurs aptitudes. »
Quatre caméras vidéo disposées de manière stratégique ont permis de
surveiller en temps réel chaque aspect de l’intervention pratiquée
à Pise, en Italie. Les paramètres de ventilation (comme la
fréquence respiratoire du patient), les constantes vitales (ECG,
fréquence cardiaque, saturation en oxygène) et les images en direct
de l’intervention chirurgicale ont été surveillés par trois de ces
caméras, la quatrième étant réservée à des usages bien précis.
Cette technique nécessite un ordinateur à distance (« cockpit
d’anesthésie »), de même qu’une station de travail permettant de
gérer la liaison audio-vidéo entre les deux établissements. « Bien
sûr, les anesthésistes présents sur place peuvent court-circuiter
ce processus à tout moment », explique le Dr Hemmerling. Avant
l’intervention chirurgicale, une évaluation des voies respiratoires
et des antécédents médicaux du patient a aussi été réalisée par
vidéoconférence.
Les chercheurs étudient également la possibilité de réaliser les
consultations préopératoires au domicile des patients. Auparavant,
la consultation préopératoire nécessitait des analyses sanguines et
plusieurs autres examens invasifs. Ce n’est plus le cas
aujourd’hui. De nombreux patients doivent néanmoins parcourir de
grandes distances et attendre souvent des heures avant de voir un
anesthésiste et répondre à ses questions. La vidéoconférence
pourrait supprimer ces problèmes logistiques et probablement
réduire le niveau de stress des patients avant l’intervention. « Il
faut maintenant confirmer les résultats de cette expérience pilote
en réalisant d’autres études », conclut le Dr Hemmerling.
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