Émile et son nouveau coeur : un an plus tard, tout va bien
Ses parents appuient une campagne financière d'un million de $ pour l'équipe cardiaque de l'HME.
Un an exactement après avoir finalement reçu son nouveau coeur à l'Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé Ã山ǿ¼é (CUSM), le petit Émile Jutras a rencontré une fois de plus les journalistes. Mais cette fois-ci, il était en bien meilleure forme.
Aujourd'hui âgé de 3 ans et demi, Émile a défrayé la chronique des centaines de fois l'an dernier lorsqu'il a passé 126 jours sous assistance respiratoire à l'Hôpital de Montréal pour enfants après qu'une rare infection virale ait causé une insuffisance cardiaque. À cause de son groupe sanguin, l'attente d'un coeur compatible fut longue. Il passa 17 jours sous ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle) et 109 autres avec l'aide du coeur de Berlin. Il fut le premier patient au Canada, et le plus jeune en Amérique du Nord, à subir l'implantation du coeur de Berlin envoyé d'Europe expressément pour lui. Finalement, le 3 juillet 2002, il reçut un nouveau coeur.
Dr Luc Jutras, cardiologue, a résumé les progrès qu'a réalisés Émile durant l'année qui a suivi la transplantation, période durant laquelle le risque de rejet est très élevé, et il a rapporté que le petit garçon se porte bien.
Bien que la réussite d'Émile comble leur famille de joie, ses parents, Sherley Grondin et Steeve Jutras, ont fait remarquer qu'ils la partagent avec beaucoup de gens. « Elle appartient à tout le Québec », dit Steeve. « Nous avons senti que tout le monde nous appuyait durant cette épreuve. Et nous sommes fiers des compétences qui ont fait d'Émile le premier Canadien et le deuxième enfant en Amérique du Nord à avoir bénéficié du coeur de Berlin. Nous devons encourager le développement de ces compétences. »
Au cours d'un exposé sur les moments forts de l'histoire d'Émile, les docteurs Christo Tchervenkov et Dominique Shum-Tim, de l'Hôpital de Montréal pour enfants, et Renzo Cecere, de l'Hôpital Royal Victoria, ont précisé qu'il a fallu le travail de toute une équipe pour maintenir le petit garçon en vie. En tout, près de 100 chirurgiens, médecins, perfusionnistes, infirmières et autres professionnels de la santé ont soigné Émile.
« Le succès du traitement d'Émile illustre également ce qu'il est possible d'accomplir en combinant les connaissances de la pédiatrie à celles de la médecine pour adultes », signale le docteur Tchervenkov. « Nous avons accompli quelque chose qu'aucune de ces deux branches de la médecine n'aurait pu accomplir seule. C'est ce qui fait la force du CUSM. » L'équipe a mis à profit l'expérience du programme conjoint de transplantation de l'Hôpital de Montréal pour enfants et de l'Hôpital Royal Victoria lequel, à l'instar de l'Hôpital général de Montréal (également affilié au CUSM), a envoyé des renforts pour soigner Émile.
« Nous avons maintenant le plus grand bassin d'experts dans l'utilisation de coeurs artificiels chez les enfants » ajoute Dr Tchervenkov. « Nous voulons développer et consolider ces compétences. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Gary Silverman et Simone Leroux, représentant les parents du groupe de soutien et de collecte de fonds Au Coeur de la vie, ont annoncé à la fin de la conférence de presse le lancement d'une campagne au bénéfice de l'unité de transplantation cardiaque de l'Hôpital de Montréal pour enfants-CUSM visant à recueillir des fonds pour l'achat d'équipement et la formation.
Dr Tchervenkov a insisté sur le fait que nous avons besoin d'experts en transplantation de coeurs humains et artificiels. « Les technologies comme l'ECMO et le coeur de Berlin servent à maintenir en vie les patients en attente d'une greffe. Sans ces technologies, les dons d'organes ne servent à rien et l'inverse est aussi vrai. »