Rencontrez RIPK3 : bon cop, bad cop, unis pour combattre la grippe
Chaque annĂ©e, la grippe tue un demi-million de personnes dans le monde, et les victimes sont souvent des personnes âgĂ©es et de très jeunes enfants. Les Centres pour le contrĂ´le et la prĂ©vention des maladies rapportent que 37 enfants sont dĂ©cĂ©dĂ©s aux États-Unis au cours de la prĂ©sente saison de la grippe. Ă€ part se faire vacciner contre la grippe et avoir une bonne hygiène des mains, il n’existe pas d’autres mĂ©thodes de prĂ©vention. Toutefois, une Ă©quipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ă山ǿĽé (IR-CUSM) et de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé, dirigĂ©e par l’immunologue Maziar Divangahi, a dĂ©couvert une protĂ©ine qui pourrait bien aider Ă prĂ©venir l’influenza et devenir un acteur clĂ© de la lutte contre les infections pulmonaires.
Le laboratoire du professeur Divangahi au site Glen de l’IR-CUSM a relevĂ© le dĂ©fi de comprendre les mĂ©canismes de lutte contre la grippe du système immunitaire dans l’espoir de dĂ©couvrir de nouvelles immunothĂ©rapies pour combattre le virus. Avec la dĂ©couverte de la protĂ©ine RIPK3 qui participe Ă la rĂ©gulation de la rĂ©ponse immunitaire face Ă la grippe, un moyen de prĂ©venir le virus de l’influenza se profile peut-ĂŞtre Ă l’horizon.Ěý Leurs travaux ont fait l’objet d’une publication dans PLoS Pathogens.
Les chercheurs de l’IR-CUSM s’intéressent depuis longtemps au système immunitaire dans sa relation avec l’influenza. Ils savaient déjà qu’un type de protéines appelées Interférons (IFN) de type I (produites par les macrophages, un type de globules blancs) stimule les cellules pour bloquer la production du virus. Dans le cas de la grippe, les IFN de type I contribuent à limiter la reproduction du virus de la grippe dans nos poumons. Mais il restait à savoir comment les réseaux d’IFN de type I fonctionnent et quels mécanismes entrent en jeu pour favoriser leur efficacité.
L’équipe a découvert une fonction intéressante et surprenante de la protéine RIPK3, qui se trouve dans le cytoplasme des cellules, y compris dans les macrophages. La plupart des études passées montraient que la protéine RIPK3 était impliquée dans une forme de mort cellulaire, mais dans le cas des macrophages infectés par la grippe, RIPK3 se comporte différemment.
Il s’avère que dans le cas de la grippe, RIPK3 fonctionne comme un allié utile du processus de production des IFN de type I, contribuant ainsi à bloquer la reproduction du virus de l’influenza. Qui plus est, l’équipe a découvert que les macrophages dépourvus de RIPK3 sont beaucoup plus vulnérables à l’infection par le virus influenza.
« Cela dĂ©montre l’importance de RIPK3 dans la prĂ©paration d’une rĂ©ponse immunitaire efficace contre le virus », explique Maziar Divangahi, auteur principal de l’étude et chercheur aux Laboratoires Meakins-Christie et au sein du Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires Ă l’IR-CUSM. Il est Ă©galement professeur de mĂ©decine Ă l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé et membre du Centre international de TB de Ă山ǿĽé.
« Ce qui est intéressant, c’est qu’en comprenant précisément le mode d’action du RIPK3 pour augmenter le pouvoir des IFN, nous pouvons explorer de nouvelles avenues pour la fabrication de médicaments antigrippaux. »
La recherche a permis de faire une autre découverte intéressante associée à RIPK3. Dans ce cas, il est question de l’immunité à une autre infection pulmonaire, la tuberculose. Les cellules immunitaires qui nous intéressent ici sont, comme dans le cas de la grippe, les macrophages. Avec la tuberculose, les chercheurs ont examiné le même processus biochimique impliqué dans les fonctions de RIPK3, mais étonnamment, le résultat a évolué en sens inverse.
La stimulation de RIPK3 avec la tuberculose a donné lieu à une surabondance de mort cellulaire des macrophages et favorisé la survie et la propagation de la maladie au lieu de la bloquer, comme c’est le cas avec la grippe. Ces deux découvertes confirment le fait que RIPK3 est un acteur clé de l’immunité contre les infections pulmonaires.
« Les infections pulmonaires comme la tuberculose et l’influenza sont d’importants problèmes mondiaux.Ěý Les prĂ©cĂ©dentes avenues de recherche n’ont pas toujours donnĂ© les rĂ©sultats les plus prometteurs », prĂ©cise l’auteur principal de l’article sur l’influenza, Jeff Downey, Ă©tudiant en thèse au sein du laboratoire du professeur Divangahi Ă l’IR-CUSM. « Se pencher sur ces nouvelles avenues et ces nouvelles idĂ©es pourrait se rĂ©vĂ©ler très utile pour peut-ĂŞtre trouver de nouveaux traitements contre ces deux infections. »
Au sujet de l’étude
Downey J, Pernet E, Coulombe F, Allard B, Meunier I, Jaworska J, et al. (2017) RIPK3 interacts with MAVS to regulate type I IFN-mediated immunity to Influenza A virus infection. PLoS Pathog 13(4): e1006326. .
Ces dĂ©couvertes sur la grippe ont Ă©tĂ© faites en collaboration avec des chercheurs des facultĂ©s de mĂ©decine de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé et de l’UniversitĂ© Laval. Au nombre des collaborateurs de Ă山ǿĽé, notons le Dr James Martin, le Dr Salman Qureshi et le Dr Donald Vinh. Le travail Ă l’UniversitĂ© Laval Ă©tait dirigĂ© par le Dr Philippe Joubert. Quant aux travaux sur la tuberculose, ils sont le fruit d’un effort conjoint entre l’UniversitĂ© Harvard et l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé, et c’est le Dr Heinz Remold qui a dirigĂ© la recherche Ă Harvard.
Prof. Maziar Divangahi bĂ©nĂ©ficie d’une subvention des Instituts de recherche en santĂ© du Canada (IRSC). Les auteurs principaux de l’étude sur la grippe, Jeffrey Downey et Erwan Pernet, sont financĂ©s par la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé et le Fonds de recherche du QuĂ©bec – SantĂ©, respectivement. L’auteur principal de l’étude sur la tuberculose, Nargis Khan, bĂ©nĂ©ficie d’une bourse du FRSQ.
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À propos de l’IR-CUSM
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ă山ǿĽé (IR-CUSM) est un centre de recherche de rĂ©putation mondiale dans le domaine des sciences biomĂ©dicales et de la santĂ©. Établi Ă MontrĂ©al, au Canada, l’Institut, qui est affiliĂ© Ă la facultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ă山ǿĽé (CUSM) – dont le mandat consiste Ă se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communautĂ©. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 Ă©tudiants et stagiaires qui se consacrent Ă divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santĂ© Ă©valuative aux sites Glen et Ă l’HĂ´pital gĂ©nĂ©ral de MontrĂ©al du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des dĂ©couvertes destinĂ©es Ă amĂ©liorer la santĂ© des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du QuĂ©bec – SantĂ© (FRQS). ircusm.ca
Ă€ propos de l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé
FondĂ©e Ă MontrĂ©al, au QuĂ©bec, en 1821, l’UniversitĂ© Ă山ǿĽé est l’une des principales universitĂ©s canadiennes. Ă山ǿĽé compte deux campus, 10 facultĂ©s, 12 Ă©coles professionnelles, 300 programmes d’études et près de 41 000 Ă©tudiants, dont plus de 9Ěý700 aux cycles supĂ©rieurs. Ă山ǿĽé accueille des Ă©tudiants originaires d’environ 150 pays, ses 12Ěý000 Ă©tudiants Ă©trangers reprĂ©sentant 30 pour cent de sa population Ă©tudiante. Environ 20Ěýpour cent des Ă©tudiants de Ă山ǿĽé indiquent que leur langue maternelle est le français.
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