En 2019, Shirley Huang a adopté un chiot. Comme de nombreux autres propriétaires d’animaux de compagnie, elle s’est rendu compte qu’elle avait bien des choses à apprendre sur les soins à apporter au petit dernier de la famille.
« Les premiers temps, ce n’était vraiment pas évident avec Toby », se remémore-t-elle. Le petit coquin faisait constamment des sottises. « J’étais dépassée. J’avais tellement de choses à apprendre et je ne savais pas par où commencer. »
Ìý
Pendant le confinement, Shirley a constaté qu’elle était loin d’être seule dans sa galère. En effet, en arpentant son quartier verdoyant de Montréal, elle voyait tous les jours de nouveaux chiots se promener en compagnie de leur maître.
C’est à ce moment qu’a germé l’idée d’une plateforme logicielle où les nouveaux propriétaires d’animaux pourraient trouver des fournisseurs fiables : vétérinaire, toiletteur, service de garde, etc. Shirley a creusé le sillon avec Kayla Li, elle aussi étudiante en génie.
La bosse de l’entrepreneuriat, une compétence qui s’acquiert
Le projet se précisant peu à peu, Shirley et Kayla se sont tournées vers un programme de la Faculté de génie qui aide les étudiants à réaliser des projets technologiques aux possibles retombées commerciales ou sociales : le programme TechAccel.
Les subventions TechAccel sont assorties d’un service personnalisé d’encadrement et de mentorat d’affaires offert par un expert dans le domaine. Et ce n’est pas tout : la participation à ce programme figure dans le dossier para-universitaire, puisque TechAccel est une expérience éducative enrichie (EEE) reconnue. Ce n’est là qu’un des nombreux programmes axés sur l’acquisition de compétences entrepreneuriales proposés à l’Université Ã山ǿ¼é.
Au cours des six dernières années, la Faculté de génie a octroyé plus de 176 000 $ en subventions TechAccel, distribuées à même le Fond d’innovation Engine, pour aider des étudiants à donner vie à un projet. « Nous avons formé plus de 165 innovateurs et entrepreneurs répartis dans 54 équipes TechAccel, et 76 % d’entre eux travaillent encore à leur projet aujourd’hui », souligne Katya Marc, directrice adjointe du Centre Ã山ǿ¼é Engine. « Les sondages sur le sentiment d’efficacité personnelle réalisés dans les équipes avant et après leur participation au programme révèlent une augmentation de 25 % des compétences entrepreneuriales et de 12 % de la capacité d’innovation. »
Depuis l’hiver dernier, neuf équipes ont mis à profit une subvention TechAccel pour lancer leur projet. Ces projets sont de nature très diverse : application pour aider les étudiants à trouver un appartement hors campus, poubelles intelligentes compatibles avec l’objectif « zéro déchet 2035 » de l’Université et technologies intelligentes pour un entraînement plus efficace des athlètes de haut niveau. (Ces projets en démarrage le 30 septembre dernier à l’occasion des retrouvailles virtuelles.)
Nous vous présentons ci-après deux projets TechAccel.
SWAM
À la fin de l’année dernière, David Brenken, membre de l’équipe de natation de Ã山ǿ¼é, et trois de ses coéquipiers se sont demandé comment aider les nageurs de haut niveau à raffiner leurs techniques.
Dans une discipline où tout gain d’efficacité, si minime soit-il, peut mener à la victoire, le moindre avantage revêt une importance cruciale. Les vidéocaméras sous-marines permettent aux entraîneurs et aux nageurs d’analyser les mouvements et de déceler les défauts. Cependant, David et ses trois coéquipiers ont constaté que la technologie a ses limites.
Et c’est vrai quel que soit le sport, affirme David. Pour bien voir ce qui se passe, il faut souvent installer de multiples caméras. Les angles entrent aussi en ligne de compte. Et si l’athlète se déplace sur un terrain, la zone doit être littéralement truffée de caméras, ce qui n’est pas nécessairement pratique.
David fait une majeure en génie mécanique avec mineure en informatique. Quant à ses coéquipiers, Johan Boscher et Matt Wittmann étudient en informatique et Karl-Michael Aumann, en gestion.
Comme « quatre têtes valent mieux qu’une », précise David, nos compères ont cherché ensemble un moyen d’améliorer leurs façons de faire grâce à l’informatique. Après un travail de recherche préliminaire, ils ont été admis au programme TechAccel, qui leur a procuré des fonds et du mentorat d’affaires personnalisé pour la réalisation de leur projet, SWAM.
Le prêt-à -porter, version technologique
L’idée est de placer des dispositifs sans fil sur divers points biomécaniques du corps, un peu comme un réseau de Fitbits ou de montres intelligentes. Reliés à un appareil externe, par exemple un portable ou une tablette, ces dispositifs permettent d’obtenir un modèle en temps réel de l’athlète en mouvement.
Les quatre étudiants, tous au premier cycle, ont travaillé à leur projet à temps plein pendant tout l’été. Ils ont consacré leur première subvention de 1 800 $ à l’achat de matériel, électronique notamment. Grâce à une deuxième subvention, ils ont pu embaucher un stagiaire, plus précisément un jeune étudiant en génie qui s’est occupé du volet électronique du prototype.
« Nous venons de terminer notre premier prototype, lance David, et nous travaillons maintenant sur le deuxième. La machine tourne encore à plein régime, même si l’équipe a dû se replonger dans les études à temps plein et reprendre les entraînements cet automne. Ainsi, elle a déposé son projet au Centech, incubateur d’entreprises technologiques de Montréal, et il a été retenu.
Peu à peu, les coéquipiers se sont rendu compte que leur technologie pouvait être utile dans de nombreux autres sports, notamment l’athlétisme, la gymnastique et l’haltérophilie. Elle pourrait également être appliquée dans d’autres domaines : réadaptation médicale, prévention des blessures, sciences du sport et capture de mouvement en cinéma.
L’équipe s’emploiera à cerner le débouché le plus susceptible de faire avancer le produit en début de parcours. Ainsi, elle pourrait se tourner vers des entreprises qui utilisent déjà des techniques de capture du mouvement et pourraient donc « mettre notre technologie à profit pour valoriser leur offre actuelle », précise Johan.
±ÊÈ°Õ±õ·¡±·°ä·¡
De son côté, Shirley Huang et son amie Kayla peaufinent leur application de soins pour animaux domestiques. Elles sont toutes deux originaires de Chine, mais comme Kayla a obtenu son diplôme de Ã山ǿ¼é l’an dernier et poursuit ses études en France, le duo collabore désormais à distance.
Le nom de leur application – « » – évoque la patience, qualité dont on doit faire bonne provision lorsqu’un petit animal se joint à la maisonnée.
En passant de leur idée au plan de match, puis au produit, les deux étudiantes ont appris énormément, et cet apprentissage va bien au-delà de la matière enseignée en classe, nous confie Shirley. « Toutes deux étudiantes en génie, nous avons dû nous poser des questions comme "Comment fabrique-t-on un logiciel?", "Comment fait-on pour élaborer un plan de marketing?", "Comment concevoir une plateforme que les gens vont vouloir utiliser?".
Shirley et Katya entendent faire de ±Êè³Ù¾±±ð²Ô³¦±ð une entreprise à but lucratif. Pour générer des recettes, elles pourraient notamment mettre en place des frais d’adhésion qui permettraient aux membres privilégiés de se prévaloir de certains services exclusifs, par exemple la prise de rendez-vous.
Arts et aérospatiale
Shirley (dont le prénom chinois est « Guanbingxue ») a grandi à Guiyang, capitale de la province du Guizhou. À 15 ans, elle a décroché une bourse qui lui a permis de faire ses études secondaires à Singapour, où elle a vécu pendant quatre ans.
Shirley est arrivée à Ã山ǿ¼é en 2018. Ayant entendu parler de la richesse artistique et culturelle de Montréal par un ami de la famille vivant ici, elle souhaitait venir étudier au Canada, plus précisément à Montréal. Pour cette étudiante en génie mécanique, le secteur aérospatial montréalais était certes un autre pôle d’attraction. (Elle a d’ailleurs obtenu un stage dans une entreprise de ce secteur l’an dernier.)
Elle obtiendra son diplôme le printemps prochain, trois ans après son arrivée à Ã山ǿ¼é, et a l’intention de s’installer à Montréal après la fin de ses études. « J’adore la vie au Canada et à Montréal », dit-elle.
Ìý