Entretien de fin de séjour avec Fabio Scetti
Les travaux de Fabio Scetti se concentrent plus particulièrement sur les migrations, les variations de langage et les langues minoritaires en danger. Il s'est intéressé à la communauté portugaise à Montréal, mais aussi à l’immigration portugaise aux États-Unis et en Australie, et à l’immigration brésilienne au Japon.
Au cours de son séjour au CRIEM à l'été 2023, M. Scetti a travaillé sur la communauté italienne de Montréal, ses pratiques langagières et les représentations que les membres de ladite « communauté » ont de ces pratiques. Le CRIEM l'a rencontré pour faire le point.
Quels étaient les objectifs que vous avez atteint lors de votre séjour de recherche?
Mes objectifs de recherche ont changé, parce que j'ai été embauché comme professeur suppléant en linguistique à l'Université du Québec à Trois-Rivières! Mais j'ai quand même pu avancer mes entretiens avec des gens de la communauté italienne, j'en ai environ 90 pour le moment.
J'aurais aimé écrire davantage, mais je devais faire de la préparation de cours.
Comment avez-vous bénéficié du soutien du CRIEM et des collaborations avec les membres et partenaires du CRIEM pour votre projet de recherche?
J'ai commencé ce projet de recherche vers 2018-2019. Grâce au CRIEM, j'ai pu bénéficier d'un espace calme où faire mes entretiens, ce qui n'est pas toujours simple à trouver! J'ai aussi pu profiter de la bibliothèque.
D'ailleurs, à cause de mon poste de professeur, je compte bien devenir chercheur régulier au CRIEM.
Vous étudiez les pratiques langagières de la communauté italienne de Montréal et les représentations que les membres de cette communauté ont de ces pratiques: pourquoi étudier la communauté italienne de Montréal et ses pratiques langagières?
J'ai d'abord étudié la communauté portugaise à Montréal et on m'a souvent demandé pourquoi je n'avais pas étudié la communauté italienne. En tant qu'Italien, j'ai presque eu l'impression qu'après la thèse, je devais le faire. Mais au-delà de ça, il y a des caractéristiques vraiment intéressantes avec la communauté italienne de Montréal. Par exemple, le fait qu'on retrouve encore des dialectes maintenant extrêmement rares en Italie. Les Italiens en Amérique du Nord, c'est une vieille immigration. L'Italie elle-même n'était pas nécessairement unifiée à l'époque, en tous les cas, sa langue ne l'était pas tant que ça. J'ai été très étonné d'entendre du faetar et de l'arbëresh, des dialectes d'Italie nous provenant du Moyen-Âge!
Aussi, les Italiens ont dû d'abord s'intégrer dans leur propre communauté avant de le faire dans la province, puis dans le pays; c'est une triple intégration. En ce sens, alors que par exemple les Portugais continuent à parler portugais, même après deux générations, les Italiens parlent plutôt des dialectes et d'autres langues d'Italie. Donc il y a des éléments qui font en sorte que les Italiens de Montréal sont beaucoup plus hétérogènes qu'on pourrait le croire.
Vous avez aussi étudié la communauté portugaise de Montréal, l'immigration portugaise aux États-Unis et ça l'immigration brésilienne au Japon, donc différentes communautés dans différentes villes. Qu'est-ce qui caractérise Montréal en terme de langue et d'immigration?
Montréal est un rond-point, tel que je la nomme dans . La ville représente vraiment à la fois le Québec et le Canada, avec le français et l'anglais présents depuis très longtemps, les différentes luttes pour faire valoir ces deux langues et cultures. Comme je le mentionnais tout à l'heure, il y a une persistance des langues dans les communautés culturelles; certains Montréalais parlent leur langue d'origine plus longtemps et ça, c'est unique à Montréal, ça ne se passe pas aux États-Unis ou même à Toronto.
Question coup-de-cœur montréalais: quel est votre lieu préféré à Montréal?
J'aime beaucoup le Mile End! Je me retrouve dans ma petite bulle et il y a des gens de plein de communautés différentes, j'aime vraiment ça!